La vertu de la prospérité est la tempérance ; la force est celle de l’adversité ; et dans la morale, la force est la plus héroïque des vertus.
La prospérité est la bénédiction du vieux Testament ; l’adversité celle du nouveau, comme une marque plus affûtée de la faveur de Dieu.
[…] La prospérité n’est jamais sans crainte et sans dégoûts. L’adversité a ses consolations et ses espérances.
On remarque dans la peinture qu’un ouvrage gai sur un fond obscur plaît davantage, qu’un ouvrage obscur et sombre sur un fond clair. Le plaisir du cœur a du rapport à celui des yeux.
La vertu est semblable aux parfums qui rendent une odeur plus agréable, quand ils sont agités et broyés.
La prospérité découvre mieux les vices, et l’adversité les vertus.
Francis Bacon – Essais (1597)