Il avait dans la mémoire une foule de maximes proverbiales qui lui venaient en aide à chaque occasion, et dont l’application opportune en faisait voir tout le sens et toute la finesse.
Miguel de Cervantès – Le petit-fils de Sancho Panza (1613)

[…] Les proverbes, répondit Sancho, sont de courtes maximes tirées d’une longue expérience. Depuis Salomon, qui recueillit ceux des Juifs, ils sont la sagesse des nations […]
Sancho disait du calomniateur : « Sa parole est comme le charbon; quand elle ne brûle pas, elle noircit. »
[…] Du menteur : « Le mensonge exige la mémoire ; mais il n’a pas de pieds, on l’attrape plus vite que le boiteux,et d’ailleurs qui me ment toujours ne me trompe jamais. »
[…] De l’avare, qui amasse par tous les moyens : « L’envie d’y trop mettre rompt le sac. »
[…] Enfin de celui qui donne mauvais exemple : « Cochon souillé de fange veut salir les autres, et pomme pourrie perd toute sa compagnie. »
[…] Il recommandait de veiller à l’éducation des enfants dès leur berceau, dès leur naissance […] Il avait dans la mémoire une foule de maximes proverbiales qui lui venaient en aide à chaque occasion, et dont l’application opportune en faisait voir tout le sens et toute la finesse.
Voici quelques-unes de celles qu’on a recueillies de la bouche de ce fou raisonnable :
- Il y a deux choses qu’on ne peut regarder fixement : le soleil et la mort.
- Pense lentement et agis vite
- Pour toutes choses, en penser plusieurs, en faire une seule.
- Ne dois pas au riche, et ne promets pas au pauvre.
- Ne sers pas qui a servi et ne commande pas à qui a commandé.
- Il faut chercher le bien et attendre le mal.
- Que celui qui a donné se taise, que celui qui a reçu parle.
- Parole honnête coûte peu et vaut beaucoup.
- Heureux, tu ne te connaîtras pas , malheureux, on ne te connaîtra pas.
- Les malheurs et les voyages font les amis.
- De l’emporté détourne-toi un moment, du sournois, toute ta vie.
- Le sot qui se tait passe pour sage.
- Donner est honneur , demander douleur.
- L’emporté et le maussade sont la pierre et le briquet.
- Conserve jeune, tu trouveras vieux ; jeunesse oisive, vieillesse laborieuse.
- Fils tu es, père tu seras ; ce que tu donnes tu recevras.
- Honore le bon pour qu’il t’honore , et le méchant, pour qu’il ne te déshonore.
- La mauvaise blessure guérit ; la mauvaise renommée tue.
- C’est quand la fortune paraît le plus amie qu’elle donne le croc-en-jambe.
- Le pire des procès, c’est que d’un il en naît cent ; aussi, plutôt mauvais accord que bon procès.
- Une bonne parole éteint mieux qu’un seau d’eau.
- Une hirondelle ne fait pas le printemps.
- Il n’y aurait point de parole mal dite si elle n’était mal prise.
- La belle-mère ne se souvient pas quelle fût belle-fille.
- Il n’y a pas de plaisir qui n’ennuie, surtout s’il ne coûte rien.
- Offrir beaucoup à qui demande peu, c’est une manière de refuser.
- Écouter, voir et se taire, sont choses rudes à faire.
- Pour le mal d’hier, il n’y a pas de remède demain.
- Pierre qui roule n’amasse pas de mousse.
- Qui veut être longtemps vieux doit l’être de bonne heure.
- Qui trop tôt s’excuse s’accuse.
- Qui veut tuer son chien le dit enragé.
- Qui ne se lève pas matin ne jouit pas du jour plein.
- Quand les commères se querellent les vérités se découvrent.
- Assieds-toi à ta place, on ne te fera pas lever.
- La patience finit par tomber quand on la charge d’injures.
- Tel se crève deux yeux pour que son ennemi s’en crève un.
- Une belle mort honore toute la vie.
Voir également : Le véritable Sancho-Panza ou choix de proverbes, dictons, adages (1856)