Comment se « développer » quand on est sans cesse « enveloppé » par des coachs ? Comment le développement serait-il « personnel » quand guides et manuels s’adressent à chacun comme à tout autre ? La philosophe Julia de Funès fustige avec délectation les impostures d’une certaine psychologie positive.
« L’authenticité en 5 leçons », « La confiance en soi : mode d’emploi », « Les 10 recettes du bonheur »… Les librairies sont envahies d’ouvrages qui n’en finissent pas d’exalter l’empire de l’épanouissement personnel. Les coachs, nouveaux vigiles du bien-être, promettent eux aussi sérénité, réussite et joie. À les écouter, il n’y aurait plus de « malaise dans la civilisation », mais une osmose radieuse. Nous voici propulsés dans la « pensée positive » qui positive plus qu’elle ne pense ! C’est le non-esprit du temps.
Pourquoi le développement personnel, nouvel opium du peuple, rencontre-t-il un tel engouement ? Sur quels ressorts psychologiques et philosophiques prend-il appui ? L’accomplissement de soi ne serait-il pas à rechercher ailleurs que dans ces (im)postures intellectuelles et comportementales ?
Pour lutter contre la niaiserie facile et démagogique des charlatans du « moi », Julia de Funès propose quelques pépites de grands penseurs. Si la philosophie, âgée de 3 000 ans, est toujours là, c’est qu’en cultivant le point d’interrogation, elle développe l’intelligence de l’homme, fait voler en éclats les clichés et les lourdeurs du balisé, et permet à chacun de mieux affirmer sa pensée et vivre sa liberté. L’esprit n’est jamais mort, la réflexion ne rend pas les armes, une libération est toujours possible !
Pour Julia de Funès, docteur en philosophie et auteur de « Le développement (im)personnel. Le succès d’une imposture » (L’Observatoire), des recettes simplistes ne peuvent résoudre le sujet complexe du développement personnel. Vidéo en entier: http://video.lefigaro.fr/figaro/video…
Développement personnel : une imposture ? (France Inter)
Podcasts, ouvrages, salons dédiés… Le commerce du développement personnel est florissant. Et vous promet le bien-être absolu en quelques séances. Mais à quel prix ?
L’engouement pour le développement personnel ne se dément pas : l’industrie génère 11 milliards de dollars par an en moyenne. En France, cela représentait 32% du marché du livre en 2018. Le bien-être semble donc être un business qui se porte bien.
Car la croissance du marché du bien-être répond à un besoin grandissant, dans nos sociétés, de trouver l’équilibre et le bonheur. Organiser sa vie à l’aide de mantras, de rituels sains et de systèmes de rangement devient alors nécessaire… Au point de devenir un refuge pour certains « accros ».
Mais cette tendance au développement personnel est de plus en plus critiquée. On lui reproche d’être devenue un véritable dogme, qui place le « culte de soi » au centre. On a donc vu fleurir ces derniers temps des guides d’anti-développement qui incitent au lâcher-prise et à la déculpabilisation.
Est-ce qu’à force de courir après le bonheur, on ne finit pas par se rendre malheureux ? Existe-t-il des « recettes » du bien-être ?
Julia de Funès: «Le développement personnel est la religion de notre époque» (Le Figaro)
GRAND ENTRETIEN – Alors que les ouvrages d’épanouissement personnel envahissent les rayons des librairies et que les coachs en tout genre promettent bonheur, réussite et joie à des prix records, Julia de Funès dénonce l’arnaque de la psychologie positive dans un petit essai incisif. Développement (imp)personnel est aussi, plus largement, une réflexion sur le mal-être d’une civilisation dévorée par le «culte du moi».
Dans « Développement (im)personnel », la philosophe Julia de Funès analyse le succès de ce qu’elle estime être « une imposture » : le développement personnel.
Le développement personnel est-il le nouvel « opium du peuple » ? C’est ce qu’estime Julia de Funès dans Développement (im)personnel : le succès d’une imposture (L’Observatoire). Dans cet essai, elle analyse le succès en librairie de cet ensemble de pratiques, lié à la montée de l’individualisme et du narcissisme apparus depuis les années 1960-1970. Pour elle, derrière l’adhésion au développement personnel se cache une nouvelle « servitude volontaire ». – Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire