[…] en séparant le bonheur d’avec la morale, remarquez que l’homme se plie aux institutions qu’il trouve établies comme à des règles de la nature physique.
Il arrange, d’après les défauts mêmes de ces institutions, ses intérêts, ses spéculations, tout son plan de vie. […] Ses relations, ses espérances se groupent autour de ce qui existe.
Changer tout cela, même pour le mieux, c’est lui faire mal. Rien de plus absurde que de violenter les habitudes, sous prétexte de servir les intérêts.
Le premier des intérêts, c’est d’être heureux, et les habitudes forment une partie essentielle du bonheur.
Benjamin Constant – De l’esprit de conquête et de l’usurpation (1814)