Nous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d’un bout vers l’autre.
Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle, et nous quitte, et si nous le suivons il échappe à nos prises, il nous glisse et fuit d’une fuite éternelle ; rien ne s’arrête pour nous. C’est l’état qui nous est naturel et toutefois le plus contraire à notre inclination.
[…] Ne cherchons donc point d’assurance et de fermeté ; notre raison est toujours déçue par l’inconstance des apparences : rien ne peut fixer le fini entre les deux infinis qui l’enferment et le fuient.
Cela étant bien compris, je crois qu’on se tiendra en repos, chacun dans l’état où la nature l’a placé.
Blaise Pascal – Pensées (1669)