[…] l’homme, grâce au pouvoir qu’il a de se souvenir, accumule le passé, le sien et celui des ancêtres, il le possède et en profite.
L’homme n’est jamais un premier homme ; il ne peut commencer à vivre qu’à un certain niveau de passé accumulé.
Voilà son seul trésor, son privilège, son signe. Et la moindre richesse de ce trésor, c’est ce qui nous paraît juste et digne d’être conservé.
Non, l’important, c’est la mémoire des erreurs : c’est elle qui nous permet de ne pas toujours commettre les mêmes.
Le vrai trésor de l’homme, c’est le trésor de ses erreurs. Nietzsche définit pour cela l’homme supérieur comme l’être « à la plus longue mémoire ».
José Ortega y Gasset – La Révolte des masses (1929)