[…] les hommes à qui l’on parle ne sont point ceux avec qui l’on converse ; leurs sentiments ne partent point de leur cœur, leurs lumières ne sont point dans leur esprit, leurs discours ne représentent point leurs pensées ; on n’aperçoit d’eux que leur figure, et l’on est dans une assemblée à peu près comme devant un tableau mouvant où le spectateur paisible est le seul être mû par lui-même.
Telle est l’idée que je me suis formée de la grande société sur celle que j’ai vue à Paris ; […] et je suis convaincu qu’il faut descendre dans d’autres états pour connaître les véritables mœurs d’un pays ; car celles des riches sont presque partout les mêmes.
[…] juge si j’ai raison d’appeler cette foule un désert, et de m’effrayer d’une solitude où je ne trouve qu’une vaine apparence de sentiments et de vérité, qui change à chaque instant et se détruit elle-même, où je n’aperçois que larves et fantômes qui frappent l’œil un moment et disparaissent aussitôt qu’on les veut saisir.
Jusqu’ici j’ai vu beaucoup de masques, quand verrai-je des visages d’hommes ?
Jean-Jacques Rousseau – Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761)
Je ne sais pas à quoi cela sert de payer pour aller voir des masques a l’Opéra, tandis qu’on peut en voir gratis partout.
Hypolite de Livry (1765-1834) – Pensées, réflexions, impatiences, maximes, sentences