De Saint-Germain-des-Prés aux chaînes d’info en continu, l’intellectuel français est auréolé d’un pouvoir singulier. Défenseur des opprimés ou décrypteur de l’actualité, militant des causes perdues ou expert au discours ciselé, il occupe, au pays de Descartes, où l’on aime à théoriser, une place à part. Crise financière, attentats islamistes, poussée migratoire, montée des populismes, féminismes, épidémie… L’histoire est de retour, les idées gouvernent de nouveau le monde. La vieille opposition entre droite et gauche, périmée, s’est vue évincée par d’autres clivages, dans l’air du temps. Réacs, gauchistes, libéraux : chacun accuse l’autre d’avoir gagné la guerre culturelle.
D’Alain Finkielkraut à Édouard Louis, en passant par Michel Onfray, de la Manif pour tous à Nuit debout, sans oublier les Gilets jaunes, qui a vraiment remporté cette bataille idéologique ? À l’heure de la cancel culture, de l’hystérisation de la polémique, de l’immédiateté de l’information et du pouvoir de l’image, quel rôle l’intellectuel peut-il encore jouer ? Le débat est-il seulement toujours possible, en France ?
Eugénie Bastié a mené l’enquête: pendant trois ans, elle a rencontré une trentaine de penseurs de tous bords. Elle décrit un paysage intellectuel morcelé, mais plus riche que jamais. Une plongée passionnante au cœur de l’intelligentsia, la France racontée au travers des idées qui l’agitent et des personnages qui les incarnent.
Journaliste au Figaro et essayiste, elle est l’auteur de deux ouvrages, Adieu mademoiselle. La défaite des femmes (Cerf, 2016) et Le Porc émissaire. Terreur ou contre-révolution (Cerf, 2018).
Le Grand Oral d’Eugénie Bastié, journaliste au Figaro – 12/03 (RMC)
Frédéric Taddeï reçoit Philippe Corcuff, sociologue, et Eugénie Bastié, journaliste et essayiste.
Aujourd’hui Le Crayon reçoit Eugénie Bastié, journaliste au Figaro et essayiste. Elle a publié récemment le livre « La Guerre des idées » aux éditions Robert Laffont où elle revient sur le débat d’idées, de la définition d’un intellectuel ou encore sur la monopolisation des universités par une certaine pensée non représentative. Elle nous parle ici des mouvements idéologiques, du manque d’espace pour le débat ainsi que de l’archipellisation des contenus et des pensées. En face d’elle , dans une interview-débat, Antonin lui oppose les contradictions ou les faiblesses subjectives de son propos.