« Rien ne porte de plus funestes coups à la valeur morale d’un peuple qu’une longue paix »

Certes, la guerre est un mal […], mais c’est un mal nécessaire. La guerre est une de ces grandes lois des sociétés auxquelles elles ne peuvent se soustraire et qui les chargent de chaînes en les accablant de bienfaits.

Rien ne sait davantage réveiller dans un peuple les mâles vertus et les nobles enthousiasmes que le sentiment de la patrie en danger. Rien ne porte à sa valeur morale de plus funestes coups qu’une longue paix, et des coups d’autant plus terribles qu’ils sont moins soudains et peu sûrs.

L’explication de ces faits historiques n’est pas difficile à fournir. Les vertus d’un guerrier, tout en pouvant paraître brutales à certains, n’en sont pas moins absolument généreuses et désintéressées. En voyant sa patrie menacée par des ennemis ambitieux, le citoyen comprend de suite la nécessité où il se trouve de rester viril pour la mieux défendre. Tandis qu’une paix prolongée provoque l’amour du gain et le désir du vice.

Certes, la guerre traîne après elle bien des maux ; certes ce serait un grand crime pour un peuple que de la déchaîner sans raison, mais c’en serait un autre que de vouloir la détruire car […] elle développe dans le cœur de l’homme beaucoup de ce qu’il y a de bien ; la paix y laisse croître tout ce qu’il y a de mal.

D’ailleurs, rejeter la guerre hors du monde n’est qu’une utopie. […] La guerre est une loi de la nature, et la nature ne veut pas qu’on porte atteinte à ses lois..

Charles de GaulleLettres, notes et carnets (1905-1918)

 

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