Homicides involontaires : tuer sans le vouloir

Sur la route, à la chasse, dans l’entreprise ou ailleurs, de nombreuses personnes meurent chaque année, victimes d’homicide involontaire. Comment se remet-on d’avoir causé le décès de quelqu’un sans le vouloir ? Comment faire face à la famille et à soi-même ? Réponse dans ce nouvel opus du « Monde en face » avec un film suivi d’un débat.

Jocelyne, assistante familiale (accusée d’être responsable de la mort de Mati, 2 ans) : « J’étais comme un robot, j’ai pas pleuré. En fait, j’arrêtais pas de dire ‘c’est pas vrai, c’est pas arrivé’. Ç’a été très dur, et après… le grand vide. »

Jocelyne : « Au début, quand on nous a dit qu’on était accusés [avec Jean-Pierre, son mari] d’homicide, moi je l’ai assimilé à un meurtre ; je comprenais pas, ça voulait dire que je l’avais tué. Je comprenais pas qu’on puisse mettre ce mot, homicide, sur ce qui était arrivé (…) Ça nous bouffe ça, et en même temps faut aussi qu’on se dise qu’en voulant le protéger on l’a tué… »

Émilie, la maman de Mati : « Vous avez déconné, on vous a pris vos enfants ; et puis à leur tour ils ont déconné et ils ont pris la vie de votre enfant. C’est comme si quelque part il emportait tous les regrets que j’ai du fait qu’il ait été placé. »

Antoine, 22 ans (a causé la mort d’une cycliste lors d’un accident de la route en 2012) : « J’avais mon permis depuis trois jours. J’ai tout le temps l’impression d’être un coupable, et même si tout va bien en apparence, j’y pense tout le temps ; ça me tue ; tout me ramène à ça. […] Elle avait deux petites filles, je sais que pour eux ce ne sera plus jamais pareil. En fait, je me vois comme quelqu’un qui a la tête d’un criminel, d’un meurtrier, qui a honte… »

Joachim, 43 ans (sous l’emprise de l’alcool a causé la mort de sa compagne lors d’un accident de la route en 2003) : « J’ai l’impression qu’on m’a posé une étiquette de meurtrier et que je la porte… Ces images du passé, je les porte à chaque instant ; me dire que j’ai enlevé la vie, et en plus d’un être qui m’aimait, c’est encore plus lourd. Ma dette, je vais la payer toute ma vie. »

Pascal et Christine (ont perdu leur fils Jérémy dans un accident de la route) : « Le mot coupable est trop fort, parce que c’est de la haine, de la vengeance, et la vengeance, ça ne résout rien. C’était une soirée entre amis, il était à la fête, c’est une partie du destin, de leur destin. Ce n’est pas parce qu’on a cette façon de voir les choses que la personne qui a fait ça doit s’en affranchir. Elle doit répondre devant la justice pour homicide involontaire. Ils ont une peine morale à vie. Nous, on a une douleur à vie, un chagrin à vie, qu’on va essayer d’atténuer. »

Auteur-réalisateur Olivier Pighetti – Production Piments Pourpres, avec la participation de France Télévisions

Après la diffusion du documentaire «Tuer sans le vouloir», Marina Carrère d’Encausse ouvre le débat avec ses invités. Elle reçoit Carole Bianchini et Nicole Tagliati, témoins dans le documentaire «Tuer sans le vouloir», Nadine Poinsot, présidente de l’association Marilou qui lutte contre la délinquance routière, et Edouard Martial, avocat pénaliste.

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