Revue de presse (54)

France

Lutte contre le chiffrement : le gouvernement dévoile ses pistes (Numerama)

À la fin du mois d’août, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a reçu son homologue allemand Thomas de Maizière pour discuter de la lutte contre le terrorisme, et évoquer le sujet sensible de l’accès aux communications chiffrées. Mais le discours de M. Cazeneuve est resté très flou sur les moyens juridiques et techniques à employer pour rendre lisibles des communications chiffrées de bout en bout. Seule une phrase laissait percevoir la méthode, en demandant que la Commission européenne étudie « la possibilité d’un acte législatif rapprochant les droits et les obligations de tous les opérateurs proposant des produits ou des services de télécommunications ».

C’est finalement dans une réponse écrite au sénateur Christian Cambon, inquiet des effets du chiffrement, que le ministère a mieux précisé sa pensée en expliquant que «  les défis que pose aux forces de sécurité le chiffrement est réel ».

Dans un premier temps, le ministère reconnaît que seuls les logiciels avec chiffrement de bout en bout (Signal, Telegram dans certains cas, Facetime, Viber, WhatsApp, …) lui pose de réelles difficultés, puisque personne ne dispose des clés à part les destinataires et expéditeurs, ce qui ne permet pas de mettre en œuvre les dispositions du code pénal qui obligent les intermédiaires à fournir les clés et conventions de chiffrement qu’ils détiennent.

Ne reste donc que deux options. Interdire le chiffrement de bout en bout, ou exiger que soit implémenté un backdoor sous contrôle de l’éditeur. Il semble que le ministère penche plutôt pour cette seconde option.

Des agents en civil et armés dans les trains dès octobre (AFP)

La mesure avait été annoncée en avril par Guillaume Pépy, le patron de la SNCF. Des agents de sûreté en civil et armés devraient circuler dans les trains dès le mois d’octobre, selon RTL. Le Conseil d’Etat aura examiné les quatre décrets portant sur ces patrouilles à cette date. C’est en application de décrets de la loi Savary, sur la prévention des actes terroristes dans les transports, que ces patrouilleurs pourront faire des rondes, en duo et en civil, dans les wagons de la SNCF et de la RATP. D’après la SNCF, contactée par BFMTV.com, les agents de sûreté « on toujours été armés », mais la nouveauté « c’est qu’ils sont en civil ».Ces patrouilles sont composées de deux agents de la Suge pour la SNCF (Surveillance générale) et du GPSR pour la RATP (Groupe de protection et de sécurisation des réseaux). Ils devront être capables d’intervenir rapidement en cas de problème de sécurité.  Le texte, présenté quelques mois après l’attaque du Thalys reliant Amsterdam à Paris, permet aussi aux agents de la police ferroviaire de fouiller les bagages, procéder à des palpations et de prendre des mesures particulières contre la fraude. Le texte prévoit aussi la constitution annuelle d’un rapport sur les harcèlements sexistes.

Un attentat à la voiture piégée déjoué à Paris (France Info)

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Attaques contre des surveillants de la prison d’Osny : qui est Bilal Taghi ? (Libération)

Il est 15 heures, dimanche, lorsque Bilal Taghi est invité à quitter l’aile de l’unité de prévention de la radicalisation qui abrite sa cellule pour rejoindre la cour de promenade. Le détenu s’avance alors avec une serviette, sous laquelle il dissimule un poinçon dont la longueur oscille, selon les sources, entre quinze et vingt-cinq centimètres. Etonné, un surveillant somme Taghi de reposer la serviette dans sa cellule. Moment choisi par ce dernier pour planter le poinçon dans le dos du fonctionnaire. Malgré sa blessure, le surveillant tente de s’échapper mais Taghi le rattrape et lui transperce la gorge. Un second agent se précipite alors pour lui porter secours. Il sera blessé au bras et au visage. C’est finalement l’intervention des équipes régionales d’intervention et de sécurité qui conduira à la neutralisation de Taghi, cible d’un tir de balle en caoutchouc en pleine poitrine.

L’attaque jihadiste en prison, pressentie et redoutée depuis de longs mois, semble, cette fois, avoir bel et bien eu lieu. Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête ouverte pour «tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste». En garde à vue, Bilal Taghi aurait confirmé aux policiers avoir prémédité son acte. En outre, il aurait dessiné sur un mur du bâtiment un cœur avec le sang de sa victime avant de se mettre à prier. Toutefois, l’attaque n’a, pour l’heure, pas été revendiquée par un quelconque groupe jihadiste.

Originaire de Trappes (Yvelines), Bilal Taghi a déjà tenté de gagner le territoire du califat. C’était dans la nuit du 17 au 18 janvier 2015, quelques jours à peine après la tuerie de Charlie Hebdo et la prise d’otage de l’Hyper-Cacher de la porte de Vincennes. Accompagné de sa femme, Sihem Laidouni, de leur bébé, et de deux amis, ils optent pour le covoiturage. Pour tromper la vigilance des gardes frontière des différents pays traversés, ils emportent de faux cartons d’invitation pour un mariage en Turquie. Mais une fois le Bosphore franchi, à 400 kilomètres de la frontière syrienne, ils dérapent et effectuent plusieurs tonneaux sur la route. Hospitalisés, puis arrêtés, ils sont expulsés vers la France en mars 2015.

Lors du procès, qui s’est tenu en février à Paris, les deux amis présents dans la voiture, Mansour Ly et Fayçal Aït Messoud, qualifient Bilal Taghi «d’émir» de l’équipée. Sa femme, Sihem Laidouni, dira également que c’est son mari, condamné à huit mois avec sursis en 2013 pour vol aggravé et extorsion, qui insistait depuis des mois pour qu’ils partent en Syrie. Déterminé, Taghi désirait-il suivre la trajectoire de ses deux frères ayant rejoint l’Etat islamique, mais dont l’un, Khalid, a été tué en novembre 2014 ? Jusqu’au dernier moment en tout cas, il niera avec désinvolture devant le tribunal. Condamné à cinq d’emprisonnement, Taghi était décrit comme «discret» dans l’unité dédiée de la prison d’Osny. Mais «réfractaire» à toute initiative de désembrigadement.

AFP :

C’est un acte terroriste, c’est un attentat qui a eu lieu dans la prison d’Osny », affirme haut et fort Jean-François Forget, secrétaire général du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA. Les éléments que l’on a aujourd’hui rassemblés constituent pour nous toutes les preuves nécessaires pour que l’on puisse parler d’un acte terroriste », insiste le syndicaliste La piste terroriste pourrait être confortée par le fait que l’agresseur connaissait Larossi Abballa, le jihadiste qui a tué deux policiers à Magnanville et qui a appelé, dans une vidéo, au meurtre de surveillants pénitentiaires. »« Si des dispositions ne sont pas prises dans les heures qui viennent on peut penser qu’on aura d’autres actes dans d’autres prisons. »

Paris n’était pas la seule cible le 13 novembre 2015, selon CNN (Le Figaro)

Plusieurs pays européens auraient dû connaître un 13 novembre 2015 aussi tragique que celui de la France. C’est ce que révèle l’enquête de la chaîne américaine CNN qui a eu accès à des centaines de documents (comptes-rendus d’interrogatoires, photos, notes) auprès de sources proches de l’enquête sur les attentats de Paris. Selon ces documents, le groupe Etat islamique (EI) planifiait une opération bien plus vaste ce jour-là, devant toucher d’autres lieux en France et d’autres pays en Europe. Selon les interrogatoires menés par les enquêteurs européens, l’EI ciblait également les Pays-Bas et le Royaume-Uni. En France, un supermarché et une zone commerciale étaient visés.

Le contenu des documents dévoilés par CNN révèle aussi des informations concernant le rôle d’un «quatrième commando» qui n’aurait pas réussi à atteindre la France. Retardés en Grèce en prenant la route des réfugiés, un Algérien identifié comme Adel Haddadi et son complice pakistanais Muhammad Usman sont arrivés en Autriche le lendemain des attaques de Paris, le 14 novembre. Les documents montrent comment l’EI a soutenu le voyage de ces deux hommes depuis la Syrie jusqu’en Europe.

Six semaines avant, ils avaient quitté Raqqa en compagnie de Ahmad al-Mohammad et Mohamad al-Mahmod, deux des kamikazes du Stade de France. L’équipe a traversé la frontière syrienne vers la Turquie début octobre et pris la direction des côtes turques. D’après CNN, les quatre hommes ne connaissaient pas leurs véritables noms et le but précis de leurs missions. Adel Haddadi savait tout juste qu’il devait se rendre en France «pour faire quelque chose de bien pour Dieu» précisent les documents.

L’opération était coordonnée depuis la Syrie par un homme, Abu Ahmad. C’est lui qui aurait recruté, financé et entraîné l’équipe. Les documents racontent que les quatre terroristes se sont fait passer pour des réfugiés pour atteindre la Grèce. Selon CNN, c’est à ce moment-là que Haddadi et Usman sont arrêtés par les autorités grecques qui découvrent leur faux passeport syrien. Le 14 novembre, le duo arrive à Salzbourg en Autriche. Selon les documents de CNN, ils attendaient l’arrivée d’un troisième homme pour prendre le train pour Paris. Ce troisième homme, c’est Abid Tabaouni, un djihadiste arrêté en juillet dernier à Bruxelles. Inconnu, il serait selon les enquêteurs lié à la cellule de l’attaque du 13 novembre. La preuve? Le numéro d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des responsables de l’attentat de Paris, était enregistré dans son téléphone ainsi qu’une photo de combattants devant un drapeau de l’Etat islamique. Abid Tabaouni est, depuis, emprisonné en Autriche.

Attentat de Paris : 30 à 40 terroristes complices seraient en fuite selon CNN

Les investigations sont loin d’être finies. Les responsables de sécurité européens estimeraient que 30 à 40 terroristes présumés qui ont contribué aux attentats du 13 novembre de Paris sont toujours en fuite, rapporte la chaîne de télévision américaine CNN. L’un d’eux serait resté en liberté pendant plusieurs mois après que les autorités apprennent son existence.

Mehdi Nemmouche, le djihadiste qui parlait trop (Mediapart)

Mediapart retrace le parcours de Mehdi Nemmouche, le premier djihadiste issu des rangs de Daech à avoir commis un attentat en Europe. Des rapports pénitentiaires illustrent les failles des services de renseignement. Et posent la question : le terroriste était-il suivi avant la tuerie du Musée juif de Bruxelles dont il est accusé ?

Londres construit un mur à Calais (Le Figaro)

Le projet d’édification d’un mur de 4 mètres de haut à Calais, pour diminuer les tentatives d’intrusions massives de migrants sur la route qui borde la «jungle» (où vivent 7000 à 10.000 migrants selon les sources), est en cours de réalisation. Les travaux préparatoires de fauchage et débroussaillage ont commencé fin août et le chantier, prévu pour 16 semaines, devrait être achevé avant la fin de l’année.

Ce mur «anti-bruit, anti-intrusion» est construit sur le long de la RN 216, de part et d’autre de la route. Il prolonge la clôture édifiée entre le port de Calais et le pont de Gravelines, près du campement des migrants, pour aller jusqu’au rond-point de la zone industrielle Marcel-Doret. Ce mur de béton, équipé de caméras de surveillance et d’un système «anti-franchissement type OTAN», est végétalisé sur sa face intérieure, mais pas sur sa surface extérieure, pour éviter «aux migrants de grimper», selon les techniciens de la DIR-Nord, la Direction interdépartementale des routes de la région qui est le maître d’ouvrage. Le maître d’œuvre délégué est la société d’exploitation des ports du détroit (SEPD), qui prendra en charge l’entretien du mur, du système de vidéosurveillance et de l’éclairage.

D’un coût de 3,2 millions d’euros, selon nos informations, ce projet est entièrement financé par l’État britannique. Il est né dans le cadre des comités franco-britanniques qui, depuis plusieurs mois, travaillent au renforcement de la sécurisation du port et d’Eurotunnel, points de passage vers la Grande-Bretagne. Ce sont déjà les Anglais qui, dans le cadre du plan Cazeneuve, avaient financé les clôtures installées en 2015 le long de la rocade portuaire, pour un coût de 15 millions d’euros (comprenant d’autres travaux de sécurisation comme la mise en eau des terrains entourant Eurotunnel), et celles édifiées dans leur prolongement en juin 2016 pour 770.000 euros.

Outre la vocation anti-intrusion des migrants, ce mur vise aussi à sécuriser les automobilistes ainsi que les riverains et les agriculteurs du secteur. «Beaucoup de migrants traversent leur propriété ou leurs champs, entrainant de nombreux désagréments», confirme une source préfectorale. Pas question pour autant de diminuer les effectifs de CRS, s’est engagé le sous-préfet de Calais. Le mur «leur permettra de mieux se concentrer sur la partie sud de la rocade et sur l’A16», a-t-il dit, théâtres depuis des mois de tentatives d’intrusions de migrants dans les poids lourds, bloquant la circulation avec des branchages.

Jeudi, la maire de Calais Natacha Bouchart a estimé que la construction du mur n’avait «plus lieu d’être» après l’annonce du gouvernement français de poursuivre le démantèlement du camp. «Il est incohérent et incompréhensible d’annoncer en Angleterre le financement et le démarrage de l’édification du mur végétalisé alors que la semaine dernière, le ministre de l’Intérieur a confirmé le démantèlement rapide de la jungle Nord», a insisté la maire de Calais.


Union Européenne

Guy Verhofstatdt nommé référent pour le Parlement européen pour négocier le Brexit

Le Belge Guy Verhofstadt, membre du groupe Alde (libéraux) et chantre du fédéralisme européen, a été désigné jeudi pour mener au nom du Parlement européen les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union.

C’est le deuxième Belge à rejoindre l’équipe qui négociera avec Londres: son compatriote et ancien porte-parole lors de son passage à la tête du gouvernement belge, le diplomate Didier Seeuws, négociera au nom du Conseil européen, représentant les Etats membres. C’est l’ancien commissaire français Michel Barnier qui tiendra ce rôle pour la Commission.

Faut-il croire à la prétendue mort du TTIP / TAFTA? (UPR)

La chronologie de la prétendue « mort du TAFTA » récemment annoncée a démarré avec une déclaration du Vice-chancelier et ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel. C’est lui qui, le premier, a jeté un pavé dans la mare, le dimanche 28 août, en annonçant que les négociations sur le TAFTA avaient « de facto échoué » [1].

Cette déclaration a rapidement fait le tour du monde, inquiétant les institutions européennes. Lundi 29, la Commission européenne a tenu à démentir, via son porte-parole Margaritis Schinas, en expliquant que les négociations étaient toujours en cours et que la Commission était prête à boucler un accord « à la fin de l’année ». [2]

Enfin, mardi matin 30 août, le secrétaire d’État français au commerce extérieur, Matthias Fekl, s’est rendu sur RMC pour annoncer que la France allait demander la fin des négociations sur le TAFTA [3]. Une position confirmée ensuite par François Hollande, qui a déclaré : « Les discussions en ce moment même sur le traité entre l’Europe et les États-Unis ne pourront pas aboutir à un accord d’ici la fin de l’année. La France préfère regarder les choses en face et ne pas cultiver l’illusion qui serait celle de conclure un accord avant la fin du mandat du président des États-Unis » [4].

Rajoutant à toute cette cacophonie, l’Union européenne, par la voix de la Commissaire européenne au commerce Cecilia Malmström, a fait savoir de son côté que les négociations sur le TTIP « ont été difficiles c’est sûr, mais elles n’ont pas échoué. » Cette commissaire européenne de nationalité suédoise a même précisé qu’elle espérait finaliser le TAFTA avant la fin de la présidence Obama, le 20 janvier 2017.

Quant à Angela Merkel, elle a développé un point de vue beaucoup plus proche de celui de la Commission européenne que de son propre vice-Chancelier puisqu’elle continue de soutenir publiquement le projet, en le considérant « juste, important et dans l’intérêt absolu de l’Europe ».

Soit on propose « l’arrêt net, clair et définitif des négociations », et l’on peut alors parler de la mort du TAFTA, soit on propose de « reprendre des discussions », et il est alors naïf de croire que le TAFTA est mort : il ne s’agit que d’un tour de passe-passe, destiné à prendre en compte le fait que ce dossier TAFTA est de plus en plus impopulaire et que les élections arrivent.

Cette manipulation vise simplement à mettre le sujet du TAFTA de côté pour l’instant. Il sera temps de le ressortir en juillet 2017, en en modifiant quelques virgules, une fois les élections présidentielle et législatives passées et les électeurs français dûment bernés. Que le projet de TAFTA continue, c’est d’ailleurs bien ce que ne cesse de dire la Commission européenne,comme on l’a rappelé précédemment.

Et c’est aussi ce que vient de déclarer, le 2 septembre 2016, le Commissaire européen français Pierre Moscovici : « Cela ne me paraît pas pertinent de suspendre les négociations [ du TAFTA] Je crois qu’il serait beaucoup plus intelligent, au contraire, de les poursuivre, tout en rehaussant notre niveau d’exigences ». [6]

TTIP : les négociations continuent pour la Commission Européenne (Marianne)

Une source diplomatique française conteste la version des faits présentée par Juncker : « Il n’y a jamais eu de demande de renouvellement du mandat, ça n’existe pas juridiquement. » Au gouvernement, on peste donc contre le piège que tendrait le président de la Commission à la France en accréditant l’idée qu’aucun Etat membre ne s’oppose réellement à la poursuite des négociations.

Le 14e round de négociations a été bouclé en juillet et le 15e round est prévu pour octobre. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, l’a confirmé ce dimanche 4 septembre en marge du G20 de Hangzhou, en Chine : « Nous continuerons de négocier avec les Etats-Unis ». Et c’est logique puisque officiellement, la Commission a toujours mandat des Etats membres de l’Union européenne pour mener ces discussions. « Lors du dernier Conseil européen en juin, j’ai demandé à l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement s’ils voulaient que l’on poursuive les négociations. La réponse fut un oui », a d’ailleurs souligné un Jean-Claude Juncker agacé. Pour lui, donc, « il n’y a rien de neuf sous le soleil ».

(Euractiv) :

Le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a jugé le 2 septembre qu’il n’était « pas pertinent » de suspendre les négociations avec les Etats-Unis pour un traité de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis (TTIP), comme le souhaite Paris.« Cela ne me paraît pas pertinent de suspendre ces négociations », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Paris. « Je crois qu’il serait beaucoup plus intelligent, au contraire, de les poursuivre, tout en rehaussant notre niveau d’exigences », a-t-il poursuivi.« Ce que je souhaiterais, pour ma part, c’est de voir les ministres européens du Commerce soutenir la Commission et lui demander d’être forte et ambitieuse avec nos partenaires américains », a ajouté M. Moscovici, dans une allusion à Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur français.

La grande coalition en passe d’exploser au Parlement européen ? (Euractiv)

Les eurodéputés socialistes envisagent de remplacer leur alliance traditionnelle avec le Parti populaire européen, de centre droit, en se rapprochant des autres partis de gauche.

Un « caucus progressiste » a été lancé au Parlement européen. Celui-ci rassemble des eurodéputés de trois groupes politiques de gauche : la gauche unitaire européenne (GUE/NGL), les Socialistes et Démocrates (S&D) et l’Alliance libre européenne (Verts/ALE).

Cette formation politique est actuellement la deuxième plus grande du Parlement européen, après le Parti populaire européen (PPE), de centre-droit. Les deux groupes ont formé une coalition au début du dernier mandat, ce qui leur permet de se partager les postes clés de l’assemblée et du bras exécutif européen, la Commission. Ainsi, le président du Parlement, Martin Schultz, est du S&D, alors que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, est PPE.

Election régionale en Allemagne : percée de l’AfD, défaite de la CDU (La Tribune)

La percée du parti d’extrême-droite AfD lors des élections régionales de Mecklembourg Poméranie Occidentale le 4 septembre est une gifle pour Angela Merkel. Mais c’est aussi une preuve de la fragilité du modèle économique, social et politique de l’Allemagne.Alternative für Deutschland (AfD) a obtenu 20,8 % des voix, soit 1,8 point de plus que la CDU. En mars, en Saxe-Anhalt, AfD avait mobilisé 24,3 % de l’électorat. La poussée de ce nouveau parti depuis les élections régionales de septembre 2015 en Saxe et en Thuringe, autres Länder de l’ex-RDA, où AfD avait obtenu respectivement 9,7 % et 10,6 %, montre clairement l’impact de la crise migratoire.La sanction contre Angela Merkel est claire, mais elle n’est en réalité qu’une partie d’une sanction plus large contre l’ensemble de la classe politique du pays. Car si la CDU a perdu 4 points ce dimanche, la SPD sociale-démocrate a accusé un recul de 5 points, Die Linke, héritière de l’ancien parti dominant de la RDA, a perdu 5,2 points, les Verts ont reculé de 3,9 points et les néo-nazis de la NPD de trois points. Autrement dit : AfD a ratissé large, comme elle le fait depuis sa création. Elle a regroupé les déçus du système politique et économique allemand.les habitants de Mecklembourg-Poméranie Occidentale ont maintes raisons de mécontentements. Ils peuvent considérer, comme ceux de nombreux Länder de l’ex-RDA, qu’ils sont les oubliés de la croissance allemande et que celle-ci n’est clairement plus suffisante pour satisfaire leur volonté de rattrapage et d’égalité avec leurs compatriotes de l’ouest.

Catalogne : la majorité indépendantiste se réconcilie pour accélérer la sécession (La Tribune)

La gauche radicale indépendantiste, la CUP, a annoncé qu’elle voterait la confiance au gouvernement catalan. L’objectif est d’avancer vers la sécession, même au prix de l’unilatéralité. Les conditions du choc avec Madrid se renforcent.

Cette décision est aussi le fruit d’un certain rapprochement idéologique entre les deux formations. Au cours de l’été, notamment après l’échec de Podemos – seule force espagnole défendant l’idée d’un référendum d’autodétermination en Catalogne –  aux élections législatives nationales du 23 juin, une grande partie des forces indépendantistes se sont ralliées à l’idée qu’un accord avec Madrid était devenu impossible et qu’il fallait avancer seul par des actes unilatéraux.

Le catalyseur de la tension qui s’accumule entre Madrid et Barcelone pourrait alors être la destitution de Carme Forcadell, la présidente du parlement catalan, accusée par le Tribunal Constitutionnel d’avoir fait voter le texte sur l’unilatéralité le 27 juillet dernier. Si cette destitution est confirmée, la majorité indépendantiste devra choisir entre l’acceptation de l’ordre constitutionnel espagnol, et donc le renoncement à l’indépendance par des voies unilatérales, ou la rupture franche en refusant la destitution de Carme Forcadell.


Monde – Géopolitique

Gabon : des renforts militaires français (BBC)

La France a décidé d’augmenter ses effectifs militaires au Gabon, après avoir dit être sans nouvelle d' »une quinzaine » de ses ressortissants établis dans ce pays.

Le journaliste français Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique, a expliqué à BBC Afrique les enjeux de cette décision. « Ce renforcement d’effectifs par le deuxième régiment de parachutistes (…) va surtout servir à la protection des ressortissants français » vivant au Gabon, a-t-il affirmé. Il rappelle que l’effectif du sixième bataillon d’infanterie de marine de la France au Gabon a été réduit de 900 à 400, voire 350 soldats, depuis plusieurs mois. Environ « 15 000 Français vivent et travaillent au Gabon », a indiqué le Premier ministre français Manuel Valls.

Des canons français sont en cours de déploiement en Irak (Zone militaire)

Quelques jours après l’attentat de Nice, revendiqué par l’État islamique (EI ou Daesh), le président Hollande avait annoncé, le 22 juillet, sa décision de « mettre à la disposition des forces irakiennes des moyens d’artillerie », dans le cadre de l’opération Chammal, sans donner plus de précision.

Ce 6 septembre, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’en a pas donné davantage, si ce n’est que des pièces d’artillerie sont actuellement en train d’être déployées en Irak. « Nous avons décidé d’épauler davantage les forces irakiennes cet automne avec pour objectif la prise de Mossoul », a-t-il dit, lors de l’Université d’été de la Défense. « En ce moment même, des pièces d’artillerie sont installées à proximité de la ligne de front pour fournir un appui précis aux Irakiens », a-t-il ajouté.

S’agissant de ces pièces d’artillerie déployées en Irak, leur type n’a pas été précisé. Il peut s’agir de canons tractés de 155 mm Tr F1, de canons automoteurs AMX AuF F1 (ce modèle a l’avantage d’avoir été mis en service au sein des forces irakiennes dans les années 1980) ou de Camions équipés d’un système d’artillerie (CAESAR), dont 5 exemplaires ont été envoyés au 5e Régiment de Cuirassiers, implanté aux Émirats arabes unis. Cela étant, ce déploiement de canons suppose la mise en place d’une chaîne d’appui sol-sol, avec des observateurs avancés, des officiers de coordination des feux, des chefs de pièces, des servants, des maintenanciers, des logisticiens et une force « protection ».

Les Etats-Unis et la Russie s’accordent sur une trêve en Syrie (AFP)

Russes et Américains, qui soutiennent des camps adverses dans la guerre en Syrie, sont convenus d’un plan visant à instaurer une trêve dans ce pays déchiré par cinq ans de guerre, qui pourrait déboucher sur une coopération militaire dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et les autres groupes djihadistes.

Le gouvernement de Damas a approuvé l’accord samedi 10 septembre, rapporte l’agence de presse officielle Sana, citée par Le Monde. Sana précise qu’il y aura une « cessation des hostilités dans la ville d’Alep, pour des raisons humanitaires ». De son côté, la Turquie accueille « avec satisfaction » l’accord sur « une trêve en Syrie ».

L’arrangement commencera lundi, premier jour de la fête musulmane de l’Aïd, par «sept jours de réduction des violences», et un large accès humanitaire à Alep et aux autres villes assiégées par les forces du régime de Bachar el-Assad, soutenues par Moscou. Si cette trêve tient, Russes et Américains devront alors mettre sur pied un «Centre de coordination opérationnelle» leur permettant de partager du renseignement pour frapper ensemble les groupes terroristes de l’Etat islamique et la branche locale d’Al Qaïda, le Front al-Nosra récemment rebaptisé Front de la conquête du Levant.

Syrie : un important chef militaire de l’ex-Front al Nosra tué par une frappe aérienne (Zone militaire)

Le Front Fatel al-Cham a fait savoir, via son compte Twitter, que « le commandant de l’Armée de la conquête Abou Omar Saraqeb était mort en martyr dans une frappe aérienne dans la province d’Alep. » Selon les premiers éléments disponibles, Abou Omar Saraqeb (alias d’Abou Hajjar al-Homsi ou Abou Khaled Loubnan) assistait à une réunion entre plusieurs chefs de l’Armée de la conquête quand le bâtiment où il se trouvait a été visé.

Considéré comme ayant été le fondateur de la branche libanaise du Front al-Nosra, Saraqeb avait combattu les troupes américaines en Irak, aux côtés d’Abou Moussab al-Zarkaoui. Puis, en 2015, il avait été l’un des chefs militaires à diriger les opérations pour prendre le contrôle de la région d’Idleb, en Syrie. Au sein de l’Armée de la conquête, qu’il avait contribué à créer, il dirigeait il y a encore peu les combats dans le sud de la province d’Alep, où les forces gouvernementales ont repris, ces derniers jours, plusieurs secteurs.

Pour rappel, cette « Armée de la conquête » réunit, outre l’ancien Front al-Nosra, plusieurs factions islamistes, dont Ahrar al-Sham, qui compterait, dit-on, parmi ses soutiens l’Arabie Saoudite et le Qatar.

Vague d’attentats suicide revendiquée par l’EI en Syrie (Euronews)

Une série d’attaques à la bombe revendiquée par l’Etat islamique a fait au moins 48 morts lundi en Syrie, dont 35 à Tartous, bastion du régime. Une voiture piégée a explosé sur un pont, puis un kamikaze a déclenché sa ceinture d’explosifs au milieu de la foule réunie autour des victimes.

A Homs, dans le centre de la Syrie, une autre explosion a fait quatre victimes. Les attentats ont visé des points de contrôle de l’armée du régime et de la police kurde à Homs, Tartous, Damas et Hassaké. Ils interviennent au lendemain de la perte par l’Etat islamique de ses dernières positions le long de la frontière turque.

Un groupe ayant fait allégeance à l’Etat Islamique revendique une attaque au Burkina Faso (Zone militaire)

Membre du Front Polisario, Adnane Abou Walid Al-Sahraoui avait fini par rejoindre le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), dont il devint un porte-parole lors de l’occupation jihadiste du Nord-Mali.

Puis, après l’opération française Serval, le Mujao se rapprocha d’un autre groupe jihadiste, appelé « Les Signataires par le sang » et dirigé par Mokthar Belmokhtar, transfuge d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), pour former l’organisation al-Mourabitoune. Mais la proclamation d’un califat à cheval entre la Syrie et l’Irak par l’État islamique (EI ou Daesh) troubla cette alliance.

Ainsi, en mai 2015, Al-Sahraoui fit publiquement allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de Daesh, au nom d’al-Mourabitoune. Seulement, quelques jours plus tard, Belmokhtar y opposa un démenti formel et réaffirma sa fidélité à l’égard d’Ayman al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaida.

Plus tard, il fut rapporté par la presse locale que des combats entre les partisans de Belmokhtar et ceux d’al-Sahraoui – une centaine – éclatèrent dans la région de Gao. Depuis, al-Mourabitoune s’est donc scindé en deux formations : l’une a rejoint les rangs d’AQMI pendant que l’autre a pris le nom d’ »État islamique dans le grand Sahara ».

Seulement, l’EI n’a jamais donné de suite à l’allégeance d’al-Sahraoui, sans doute parce que son groupe est considéré, à Raqqa ou à Mossoul, comme trop faible. Et il est vrai que, jusqu’à présent, il s’est fait discret par rapport à AQMI, al-Mourabitoune ou encore Ansar Dine.

Cela étant, sous réserve d’une éventuelle confirmation, l’État islamique dans le grand Sahara a revendiqué sa première attaque dans la bande sahélo-saharienne auprès de l’agence mauritanienne Al-Akhbar, connue pour diffuser régulièrement les messages de revendication des différents groupes jihadistes de la région.

L’attaque en question a visé, le 2 septembre, le poste douanier de Markoye, au Burkina, situé près de la frontière avec le Niger. Un bilan provision avait fait état de deux morts (un douanier et un civil) et de trois blessés. À noter que la région où s’est produit cet incident est distante d’un peu plus de 200 km de celle de Boni, ville malienne ayant brièvement été contrôlée, le même jour, par un groupe jihadiste non encore identifié.

Ouzbékistan, l’après Karimov : des lendemains de discorde ? (Diploweb)

Il importe de prendre conscience de l’importance de l’effacement d’Islam Karimov qui, pendant 26 ans, a dirigé l’Ouzbékistan avec une fermeté sans égale.

Dans l’organisation compliquée de l’Asie centrale laissée en 1991 par le régime soviétique, on peut dire que ce grand pays , au contact des quatre autres nations centre-asiatiques, constitue une sorte de clavette qui tient l’ensemble.

La gravité des problèmes en suspens est considérable. Ils ont nom, pour l’essentiel :
. Croissance démographique : l’effectif du peuple ouzbékistanais est passé de 1989 à 2016 de 16 686 240 personnes à 32 000 000 !
. Problème international du partage des eaux : le différend de Rogoun avec le Tadjikistan est emblématique à ce sujet.
. Salinisation des sols et mauvaise irrigation.
. Réchauffement climatique :l’Ouzbékistan en été devient une fournaise.
. Montée de l’islamisme et aggravation de la condition féminine.
. Désoeuvrement et militantisme islamique de la jeunesse.
. Dévaluation constante du soum (monnaie ouzbèke).
. Ossification de l’administration maintenue sur le modèle soviétique.
. Isolement généralisé du pays.
. Et surtout la redistribution du pactole de la mine d’or de Mouroun Taou. Cette mine du désert du Kyzyl koum est actuellement la troisième en importance au monde : sa production en 2014 a été de 61 tonnes d’or et elle dispose encore d’un millier de tonnes à extraire

René Cagnat, docteur en sciences politiques, chercheur associé à l’IRIS, est spécialiste de l’Asie centrale

 

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