Merah, Nemmouche, Coulibaly, Abaaoud et dernièrement Larossi Abballa : les terroristes qui ont frappé ou tenté de frapper la France depuis 2012 ont un point commun. Ils ont tous un passé carcéral. Cette similitude a amené le gouvernement à se pencher sérieusement sur la radicalisation en prison. Réservées aux hommes majeurs, prévenus ou condamnés, des « unités dédiées » ont ainsi vu le jour dans quatre établissements pénitentiaires ces derniers mois. Mais elles sont sujettes à débats. Alors quelle est leur efficacité ? Faut-il revoir nos méthodes face aux islamistes radicaux en prison ? Sont-ils en train de gangréner les maisons d’arrêt ? Comment lutter efficacement contre la radicalisation ?
Après un premier rapport, il y a un an, qui jugeait défavorablement le projet gouvernemental de regroupement des détenus islamistes, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, a passé au crible les premiers mois de cette expérimentation initiée dans la foulée des attentats de janvier 2015. Elle dénonce dans son enquête, publiée le 6 juillet dernier, une organisation et une prise en charge « disparates » et balbutiantes, et des réponses « insatisfaisantes » à « un phénomène sans précédent ».
On estime qu’aujourd’hui 1 500 des 66 000 détenus en France sont des radicaux – dont 300 ont un lien avec le terrorisme et 100 sont des condamnés – et que sur l’ensemble des personnes radicalisées sur notre territoire, quelque 15 % « basculeraient » en prison. Pour autant, l’identification précise d’un profil « radicalisé » reste difficile, tout comme l’élaboration d’un portrait-robot du détenu radicalisé.
Un défi pour l’administration carcérale déjà confrontée à une surpopulation critique dans les maisons d’arrêt, avec, pour conséquence, un climat de plus en plus tendu. Bagarres dans les cellules ou sur les cours de promenade, multiplication des violences à l’encontre du personnel… La tension est à son comble au sein des plusieurs établissements comme à Fleury-Mérogis, la plus grande prison d’Europe, où la directrice tire la sonnette d’alarme.