Bruno Fuligni – Royaumes d’aventure : les destins incroyables d’hommes qui voulurent être rois
Avez-vous déjà visité le royaume de Redonda, les principautés de Seborga, de Hutt River ou de Sealand, la république de Counani, le Liberland, le royaume de Bir Tawil ou encorel’État gay et lesbien de Cato ?
À côté des États universellement reconnus, un univers insoupçonné reste à explorer : le monde des micronations, avec leurs drapeaux, leurs monnaies, leurs gouvernements autoproclamés. Des royaumes pirates du XVIIIe siècle aux pays virtuels sur Internet, cet atlas vous invite à un fabuleux voyage dans l’espace et dans le temps, à la découverte de quatre cents pays mystérieux et secrets :
Des îles lointaines, où marins, flibustiers, naufragés sont devenus rois ; Des empires éphémères, constitués par des aventuriers en marge de la conquête de l’Ouest et de la colonisation ; Des enclaves oubliées, permettant à des intellectuels astucieux de proclamer l’indépendance de leur village, de leur quartier, de leur maison, voire d’un territoire artificiel ou immatériel. Autant d’histoires authentiques et foisonnantes, toutes orientées vers ce grand rêve de liberté qu’exprime aujourd’hui le phénomène micronational.
Bruno Fuligni, écrivain, historien, haut fonctionnaire, maître de conférences à Sciences Po, a publié dix-huit livres sur l’histoire politique et policière française. Après avoir dirigé Dans les secrets de la police et Dans les archives inédites des services secrets (L’Iconoclaste), et signé Le Livre des espions (L’Iconoclaste), il vient de publier Secrets d’État chez le même éditeur.
Ils ont fondé leur propre Etat : l’incroyable histoire des micronations (Les Inrocks)
De la colonisation à la sécession en passant par la constitution d’un empire, de tous temps il y eut des hommes pour s’autoproclamer princes, rois, présidents voire dictateurs d’un territoire. Spécialiste des micronations depuis plus de vingt ans, l’historien Bruno Fuligni relate ces histoires passionnantes dans son dernier livre, “Royaumes d’aventure”.
Par Kévin Poireault
Parfois, ils ont voulu singer les régimes existants. D’autres, ils ont eu l’ambition de fonder une nation sous un mode de gouvernement alternatif, utopique même. Bruno Fuligni, spécialiste des personnages les plus fantaisistes de l’histoire politique et auteur de L’Etat c’est moi (éd. de Paris – Max Chaleil, 1997) et de Votez fou ! (éd. Horlay, 2007) revient avec un nouvel essai nous contant les aventures de ces autocrates aux histoires plus truculentes les unes que les autres, sobrement intitulé Royaumes d’aventure. Ils ont fondé leur propre Etat (éd. Les Arènes).
Il nous emmène d’abord sur ces îles lointaines où, dès le XIVe siècle (et peut-être même avant), on trouve des pirates, des flibustiers, des corsaires et autres forbans en tous genres, mais aussi des marrons (esclaves antillais qui ont fui la propriété de leur maître) et un bon lot de gradés occidentaux, qui ont mené à bien, sur quelque microterritoire insulaire, leur rêve d’émancipation et de pouvoir. Comme la petite histoire rencontre souvent la grande, ces autocrates ont croisé la route de la colonisation, des guerres mondiales, de la décolonisation, de la guerre froide mais aussi de l’avènement de l’économie capitaliste, de la corruption et des mafias sévissant dans le monde entier.
D’autres ont même construit des empires éphémères, raconte l’auteur. Or, au fur et à mesure de cette lecture passionnante, on comprend que, outre le fait d’acquérir un titre et d’en décerner – ou d’en vendre – à ses comparses ou à des inconnus, battre sa propre monnaie et émettre ses timbres originaux demeure l’acte performatif par excellence de la création d’un Etat. Ce qui est vrai encore aujourd’hui, d’ailleurs :
“Les timbres ne servent pas seulement à tirer quelques fonds des philatélistes : quand les postes françaises, largement automatisées, affranchissent un courrier timbré aux armes d’une entité lointaine mal connue du facteur, la distribution de cette lettre suffira à démontrer que la France admet l’existence d’un nouveau sujet de droit international.”
La Trinidad, ou la principauté par actions
Justement, la plupart du temps, ces micronations servent moins à acquérir une souveraineté politique qu’à faire parler de soi, de son territoire ou de sa communauté. Petit florilège des histoires les plus incroyables aux quatre coins du monde.
En 1891, le richissime écrivain franco-américain James Harden-Hickey débarque en yacht, avec sa femme, sur l’île de la Trinidad. Il en fait sa principauté et s’attribue le titre de James Ier. Mais, pour attirer les fils de riches Américains sur “son” île, il a une grande idée qui fait entrer “l’univers des robinsonnades dans la modernité”, détaille Bruno Fuligni :
“Son drapeau rouge, chargé d’un triangle d’or, flotte aux frontons de ses bureaux new-yorkais, où les candidats à l’exil peuvent souscrire des actions du nouvel Etat !”
La Gonâve, une dyharchie théocratique vaudou
Oui, la “dyharchie théocratique vaudou”, ça existe !.. ou plutôt ça a existé, entre 1926 et 1929. Issu d’une famille catholique aux origines franco-polonaises, l’Américain Faustin Wirkus s’engage en Haïti avec l’armée de son pays au début du XXe siècle. En 1924, il demande sa mutation sur l’île de la Gonâve, à l’ouest de Port-au-Prince, où, en tant qu’unique Blanc, il aurait pu “entrer en conflit avec les autorités coutumières, les sociétés Congo et leur reine, la prêtresse vaudou Ti Mémène”, narre l’auteur. Mais il se trouve que cet Américain a le même prénom que Faustin Soulouque, l’ancien “empereur de Haïti”. Wirkus est donc couronné “roi de la Gonâve” en 1926 sous le nom de Faustin II et il administre l’île avec la prêtresse jusqu’en 1929, quand le chef de l’Etat haïtien le contraint à l’exil. Il meurt en 1945, loin de “son peuple”.
La Patagonie, pour retrouver une certaine noblesse
Le Royaume d’Araucanie-Patagonie, c’est l’histoire d’Antoine “Orélie” Tounens, un enfant ambitieux né en 1825, neuvième d’une fratrie de dix dont les parents sont paysans dans le Périgord. C’est l’histoire d’un gamin qui a réussi – baccalauréat et études de droit – et qui, bercé par les histoires de cette ancienne famille aristocrate dont les descendants sont “devenus cultivateurs par nécessité”, consacre sa vie à regagner le rang qui lui est dû. En 1857, il obtient de la cour impériale de Bordeaux la restitution de la particule, puis part en Amérique latine sous le nom d’Orllie-Antoine avec “des ambitions de haute politique qu’il mûrit d’abord en secret”. Armé de sacoches avec “des pesos à son effigie”, d’“un sceau” et d’“un projet de constitution en soixante-dix articles”, il s’allie à la cause des Indiens mapuches en Patagonie contre les Espagnols et les Incas. En 1860, sa constitution est promulguée et il se hisse au rang de roi d’Araucanie-Patagonie sous le nom d’Orllie-Antoine Ier. S’il ne reste que deux ans aux commandes de ce territoire mapuche, chassé par le Chili en 1862, son trône compte encore aujourd’hui quelques légitimistes, qui rejettent en bloc ses différents successeurs. Parmi eux, l’écrivain français Jean Raspail, qui a créé le Consulat général de Patagonie. Mais honnêtement, depuis l’exil forcé d’Antoine Tounens en France en 1862, toute cette histoire tient davantage du folklore amérindien que de géopolitique, semble suggérer l’historien.
Christiana, l’expérience sociale
“Expérience sociale”. Voilà un statut peu ordinaire. C’est celui du quartier de Christiana, au coeur de Copenhague, au Danemark. Investi par une communauté de hippies en 1971, cette “ville libre s’autogère tranquillement, si bien que les autorités danoises jugent préférable de négocier” pour lui accorder ce statut incongru deux ans plus tard. Si ses habitants ont fini par accepter que les forces de l’ordre y traquent le trafic de drogues dures, ils n’ont pas cédé au gouvernement de droite qui, en 2006, a voulu déchoir ce quartier copenhaguois de son statut de “ville libre” et continuent de s’auto-administrer encore aujourd’hui.
Le Royaume de Hay, coup de pub pour le commerce des livres anciens
Une monarchie née un 1er avril, ça ne paraît pas très sérieux. Et en effet, ça ne l’est pas : revenu en 1860 à Hay-on-Wye, une bourgade à la frontière entre l’Angleterre et le Pays de Galles où il est né, après ses études à Oxford, Richard Booth souhaite “redynamiser son village par le commerce de livres anciens”. Comment ? “Il suffit que la clientèle urbaine se déplace, ce qui suppose d’appeler son attention.” Ni une ni deux, le Gallois fonde le Royaume de Hay en 1977, qu’il dirige en qualité de Richard Ier, “dit Richard Coeur-de-Livre”. Une vaste opération de com’ pour ce “roi-bouquiniste” facétieux, décoré par le Royaume-Uni pour son action en faveur du livre et du développement local et qui, en 2009, s’engage beaucoup plus sérieusement en politique en rejoignant le Parti socialiste-travailliste gallois.
Sans oublier… l’Etat mormon de Deseret dans l’ouest américain, les 134 communes libres de France telles que Montmartre ou Belleville, les hôtels-Etats, les territoires artificiels comme la fameuse principauté de Sealand ou encore les Etats d’artistes.
Comblant souvent davantage le besoin de rêver que celui de gouverner, bon nombre de micronations créées récemment adhèreraient certainement à cette maxime des habitants de la République franc-comtoise du Saugeais :
“Le Saugeais n’a pas de frontières. Ce sont ses voisins qui sont bornés.”
Ces Français qui ont fondé leur propre État… à l’intérieur de la France (Planet.fr)
Si Monaco et Andorre sont les plus connues, il existe pourtant d’autres principautés en France, beaucoup plus discrètes. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Bruno Fuligni, auteur de « Royaumes d’aventure ».
Qui n’a jamais rêvé de fonder son propre royaume ? Un territoire sur lequel on règnerait en maître, et où on se laisserait aller à la folie des grandeurs. Ce rêve fou, certains l’ont plus que caressé en fondant à partir de rien un empire à l’autre bout du monde.
Des îles lointaines aux enclaves oubliées en passant par les empires éphémères, l’historien Bruno Fuligni s’est donné pour tâche de raconter les histoires – souvent rocambolesques – de ces créations d’Etats. Il vient de publier aux éditions des Arènes le livre Royaumes d’aventure, un atlas d’une quarantaine de cartes où sont répertoriées toutes les micronations passées et présentes.
« Ce qui était auparavant une curiosité est devenu un véritable phénomène »
En 1997 déjà, l’historien s’était intéressé à l’essor des petites monarchies et des principautés dans le monde (L’Etat c’est moi, aux éditions de Paris). Un sujet selon lui de plus en plus d’actualité. « En 20 ans, le nombre de créations de micronations a été croissant, indique Bruno Fuligni à Planet.fr. Ce qui était auparavant une curiosité est devenu un véritable phénomène. On estime ainsi que 500 000 personnes dans le monde détiennent actuellement un passeport issu de ces micronations. »
La principauté d’Arbézie, un simple hôtel
En France, peu de gens le savent, mais des principautés se sont développées à l’ombre de Monaco et d’Andorre. Ainsi de la facétieuse principauté d’Arbézie, qui a la particularité d’être à cheval entre la France et la Suisse, au niveau du Jura. Sa création en 1863 est plus que folklorique : alors que la France et la Confédération helvétique décident de rectifier leur frontière, un certain Ponthus découvre que son champ est coupé en deux par la nouvelle délimitation. Peu échaudé, le jeune homme de 25 ans décide tout simplement de construire en quelques jours une maison sur la frontière !
En 1921, l’établissement devenu hôtel tombe dans la famille Arbez. Pour la France, il est en territoire suisse, et pour les Suisses, il est en territoire français… Un casse-tête douanier qui permet à Max Arbez de faire de son enclave de seulement dix ares une principauté souveraine. Et le propriétaire de se faire appeler Max Ier d’Arbézie ! Aujourd’hui encore, l’hôtel-principauté, qui a son drapeau (un épicéa rouge sur fond jaune) et sa monnaie (la roupie), existe encore et a même son propre site.
La république du Saugeais à la frontière franco-suisse
A quelques kilomètres de la principauté d’Arbézie se trouve la république du Saugeais. Comme l’hôtel-principauté, la république est née après une boutade : en 1947, le préfet du Doubs, en visite à Montbenoît, déjeune à l’hôtel de l’Abbaye dont Georges Pourchet est le propriétaire. Un brin taquin, ce dernier demande au préfet un laissez-passer pour entrer dans son établissement. Le représentant de l’Etat, pour rire, lui rétorque : « À une République, il faut un président. Eh bien, je vous nomme président de la République libre du Saugeais. »
Le préfet ne pensait sans doute pas que Georges Pourchet allait le prendre aux mots… Avec son épouse Gabrielle, le nouveau « président » instaure une république autoproclamée qui va se doter d’une armoirie, d’une devise (« Dieu, Famille, Partie et Amis »), de timbres, d’un billet de banque symbolique, de laissez-passer que contrôlent deux douaniers volontaires (voir photo), et même d’un hymne. Oui, la blague est allée assez loin… et dure depuis 70 ans ! Aujourd’hui, c’est la fille du président-fondateur qui est à la tête de cette république folklorique qui n’a d’ambitions que de promouvoir le tourisme et le terroir de la région.
Les 134 communes libres de France
Mais la France compte d’autres principautés tout aussi folkloriques et non reconnues par l’Etat français : la république indépendante de Figuerolles (Bouches-du-Rhône), la principauté d’Aigues-Mortes (Gard), et celle de Laàs-en-Béarn (Pyrénées-Atlantiques).
A côté de ces principautés, on peut encore citer les 134 communes françaises libres, regroupées dans une association afin de promouvoir le patrimoine architectural et culturel de leurs quartiers. Chaque année, les communes libres se réunissent pour des Etats généraux de leur association nationale. « Moins politiques que les autres micronations, les communes libres ont généralement un cadre associatif et des visées modestes, explique Bruno Fuligni dans son livre. Certaines s’apparentent à des confréries gastronomiques tandis que d’autres affichent une vocation fraternelle et sociale. »
Ces Français partis fonder des empires au bout du monde
Si, en France, l’émergence d’une micronation se fait sur le ton de la plaisanterie et du marketing territorial, sur le plan international, les revendications politiques ne sont jamais loin. « Pour s’aventurer à créer son propre Etat, il faut soit avoir le goût de la liberté, de la plaisanterie, soit une volonté d’exercer le pouvoir et pourquoi pas de s’enrichir au passage, soit enfin avoir un projet politique », égrène Bruno Fuligni.
Dans son livre Royaumes d’aventure, l’historien nous raconte ainsi les périples de Français partis au bout du monde pour créer leur petit royaume, voire leur empire éphémère. Tel Antoine de Tounens, fils de paysan périgourdins, devenu en 1860 roi d’Araucanie-Patagonie (un territoire de plus de 700 000 km2 en Amérique du sud) sous le nom d’Orllie-Antoine Ier. En quête d’aventures, l’homme part en 1857 en Amérique latine sous le nom d’Orllie-Antoine avec des pesos à son effigie et un projet de constitution en 70 articles.
Là-bas, il s’allie à la cause des Indiens mapuches contre les Espagnols et les Incas. En 1860, le voilà devenu roi d’Araucanie-Patagonie… avant que les Chiliens ne le chassent en 1862. Un règne bref qui n’empêche pas que son trône compte encore aujourd’hui quelques légitimistes en France qui se chamaillent sur l’élection du futur roi en exil.
Parmi les nombreux aventuriers français partis conquérir des terres, citons enfin le cas de quelques soldats de la Grande Armée de Napoléon Bonaparte qui ont profité de la conquête du Far West aux Etats-Unis pour se créer un petit Etat. C’est en 1818, soit trois ans après Waterloo, qu’ils fondent cette petite enclave napoléonienne baptisée « Etat Marengo », du nom d’une victoire de l’Empereur. Bien sûr, les rues portent les noms des grandes victoires impériales !
« Aujourd’hui, on fait valoir ses droits sur un territoire depuis son canapé ! »
Les Français ne sont bien entendus pas les seuls à être partis au bout du monde s’approprier de nouvelles terres. Dans son livre, Bruno Fuligni raconte l’histoire de nombreux autres monarchies ou empires fondés principalement par des Européens en quête d’exotisme et de pouvoir.
Des micronations qui, hier comme aujourd’hui, sont principalement situés dans des zones désertiques, difficiles d’accès, voire des îles. « Avec le réchauffement climatique, de nouvelles terres apparaissent, susceptibles d’être appropriées par n’importe qui », rajoute Bruno Fuligni, qui révèle que l’île Doumeïrah, sur la mer Rouge, est une terre toujours à prendre.
Les frontières où subsistent des contentieux entre Etats limitrophes sont aussi propices à la création de micronations. Ainsi, l’apparition en 2014 du royaume de Bir Tawil (ou du Soudan Nord), à la frontière soudano-égyptienne, a fait les gros titres de la presse. Il faut dire que l’histoire a tout d’un conte de fées. Un père américain, qui avait promis que sa fille serait une princesse, s’est engouffré dans la querelle géopolitique entre l’Egypte et le Soudan pour prendre possession à distance de la minuscule enclave non réclamée par les deux pays, et y fonder le royaume de Bir Tawil. Le père s’est proclamé roi, et a fait de sa fille la princesse du royaume le jour de son anniversaire.
« A l’origine, les personnes qui prenaient possession de territoires à l’autre bout du monde étaient des aventuriers, des coloniaux qui, au lieu de conquérir le territoire pour leur pays, le faisaient pour eux », souligne Bruno Fuligni. Et l’historien d’ajouter : « Aujourd’hui, avec toutes les possibilités offertes par l’informatique et les moyens de communication, on fait valoir ses droits sur un territoire depuis son canapé ! »
Bruno Fuligni, curieux universel (Le Figaro)
PORTRAIT : Depuis vingt ans, cet historien dilettante a recensé quatre cents micronations fondées par des fous, des excentriques et des rebelles.
Bruno Fuligni : « On dénombre près de 400 micronations dans le monde » (Culturebox)
(vidéo à venir)
Bruno Fuligni, l’historien spécialiste des tout petits Etats sort ces jours-ci « Royaumes d’aventure », le premier atlas des micronations.
Si les noms de Waveland, principauté de Seborga, République indépendante de Figuerolles, ou encore Principauté d’Arbézie ne vous évoquent rien ne vous inquiétez pas ! Cette méconnaissance n’indique en rien des lacunes en géographie. La plupart de ces micro-nations ne mesurent pas plus de 1km2 et se sont autoproclamées Etats à la faveur de malentendus.
Invité sur le plateau des Cinq Dernières Minutes, Bruno Fuligni vient présenter « Royaume d’aventures : ils ont fondé leur propre Etat ». L’ouvrage dresse un atlas très précis de ces micro-Etats qui poussent comme des chamignons dans le monde entier et même en France.
Passionné par ces minuscules terres isolées et abandonnées, Bruno Fuligni revient sur l’aventure du Liberland, l’une des dernières micronations fondées ces dernières années. Un petit bout de territoire situé entre la Serbie et la Croatie sur l’ancien cours du Danube qui n’appartient à personne et qui attire du monde : selon l’expert, il y aurait 300 000 candidats pour venir vivre dans ce minuscule État.
C’est cela la véritable difficulté lorsque l’on veut créer une micronation : trouver un territoire qui ne soit pas déjà contrôlé par un autre Etat
Un petit bout de terre partagé entre amis
Dans son livre « Royaumes d’aventure », l’historien Bruno Fuligni revient sur l’histoire de « ces États qui peuvent être vastes ou minuscules. Créées par une toute petite population, parfois un groupe d’amis, ces micronations ne sont pas reconnues, ne siègent pas à l’ONU et ne se retrouvent même pas dans le dictionnaire », précise l’expert, sur le plateau de France 2.
400 micronations dans le monde et 150 en France
Au total, il n’existe pas moins de 400 micronations réparties un peu partout dans le monde. « Il est fascinant de penser que les deux tiers des États ne figurent pas sur des cartes et ne siègent pas à l’ONU », souligne le spécialiste. En France, 150 micronations de ce type ont vu le jour dans le pays. Mais pour l’expert, cet essor relève plus du folklore que de la volonté d’ériger un Etat indépendant en opposition avec la République française. Parmi elle, la fameuse République de Montmartre fondée en 1921 qui fidèle à son engagement du début veille à préserver l’esprit frondeur et humain qui bâtit la légende de Montmartre, en restant fidèle à sa devise : Faire le bien dans la joie !
Le territoire de la ligne d’horizon
Parmi les micro Etats qu’il affectionne particulièrement, le spécialiste cite le territoire d’Angyalistan qui assoit son « pouvoir » le long de la ligne d’horizon. De monarchie absolue et poétique, le pouvoir de cet état à l’utopie illimité s’étend à l’infini. De quoi faire rêver de nombreux despotes ou autres dictateurs. « L’inventivité de ces fondateurs d’Etat est impressionnante. Certains revendiquent des morceaux de banquises ! », s’amuse encore Bruno Fuligni.
Bruno Fuligni – Atlas des micro-nations et royaumes oubliés (TV5Monde)
Entretien avec Bruno Fuligni, historien et auteur du livre « Royaumes d’aventure » aux Editions Les arènes.
193 Etats sont membres de l’ONU, mais l’historien Bruno Fuligni a recensé plus de 400 micro-nations, réelles ou virtuelles …Des monarques ou des présidents auto-proclamés… Dans ses « Royaumes d’aventure » , un livre qui prolonge celui écrit en 1997 : « L’Etat c’est moi. Une Histoire des monarchies privées, principautés de fantaisie et autres républiques pirates », notre invité recense sur notre plateau du 64′, les états éphémères ou microscopiques. Et les surprises sont grandes !
Bruno Fuligni – L’invité du 12/13 (RCJ)
Suite à la publication sur 8e étage de la première partie du reportage « Liberland : Vivre et laisser vivre » d’Agnès Villette et Élisabeth Blanchet, nous avons décidé de nous entretenir cette semaine avec Bruno Fuligni, historien et auteur de Royaumes d’aventures, le premier atlas des micronations. Une interview de notre journaliste Agathe Rigo.
Europe 1 social club – 03/06/16
(podcast à venir)
Au coeur de l’histoire : Royaumes d’aventure (Europe 1)
Ce sont des destins étranges, parfois loufoques, que nous propose aujourd’hui Franck Ferrand. Bruno Fuligni est son invité, cet après-midi. Son nouvel opus, Royaumes d’aventure, regorge de pays absolument inconnus et de micro-Etats autoproclamés. Parmi tous ceux que nous présente Bruno Fuligni, Franck Ferrand a choisi le cas d’un Périgourdin devenu roi de Patagonie. Cela ressemble à un roman ; mais vous allez voir que, comme souvent, la réalité dépasse la fiction…
Valeurs actuelles (02/06/16)
Le Parisien (21/05/16)
Historia, juin 2016