On le sait peu et pourtant la poésie est présente partout dans la communication des groupes islamistes : on la trouve dans les vidéos de propagande de l’Etat islamique, dans les communiqués d’Al-Qaida, dans les nasheeds, ces hymnes chantés, très populaires parmi les militants, ou encore dans les sermons des prédicateurs.
Oussama Ben Laden lui-même a composé des poèmes et notamment une ode célébrant la destruction en 2000 de l’USS Cole, ce navire de guerre américain alors amarré à Aden. Ces trois dernières décennies, plusieurs magazines de propagande islamiste ont régulièrement publié des poèmes vantant les vertus du djihad et les récompenses promises : on peut citer Sada el Malahim, le magazine d’Al Qaeda au Yémen ou Dabiq, celui de l’Etat islamique. Alors, quelle place tient aujourd’hui la poésie dans la rhétorique de Daech ? Quelle vision politique -largement fantasmée, utopiste – se dégage de ces poèmes ? Que nous apprennent-ils de la cosmogonie, de l’assise culturelle de l’organisation djihadiste ? Quelle vision politique – largement fantasmée, utopiste – se dégage de ces poèmes ? En quoi sont-ils un puissant levier de légitimation auprès des populations locales et occidentales ?
Une émission préparée par Tiphaine de Rocquigny
Intervenants :
- Bernard Haykel : directeur de l’Institut international d’étude du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord à l’Université de Princeton, spécialiste de l’islam politique dans la péninsule arabique
- Philippe-Joseph Salazar : rhétoricien et philosophe
- Jean Lambert : directeur du Centre de recherches en ethnomusicologie (CREM).