Virgile nous dit qu’Éole, pour satisfaire l’orgueil et la vengeance d’une déesse outragée, frappa de son sceptre de fer la voûte souterraine où tous les vents demeuraient enfermés. Ils virent leur prison entrouverte ; et aussitôt s’échappant avec furie, ils agitent, ils renversent tout sur leur passage, les temples, les palais et les plus anciens ouvrages des hommes. Les mers s’élevèrent au-dessus des rivages, la terre parut changée dans une vaste plaine liquide, et Neptune alors prononça ce Quos ego devenu depuis si célèbre dans l’histoire de la fable.
Ces images poétiques semblent l’allégorie du temps présent.
Nos rois des vents, les philosophes en métaphysique, ont servi la haine et l’envie, en répandant, en propageant partout les idées théoriques et les maximes spéculatives, détenues jusqu’à nos jours dans les obscures retraites de l’école, ou soumises, dès l’instant de leur action, au joug de la sagesse et de la raison.
Jacques Necker – Réflexions philosophiques sur l’égalité (1793)
