« La lecture fait l’homme complet, la conférence fait l’homme préparé, et la rédaction l’homme exact »

La lecture fait l’homme complet, la conférence fait l’homme préparé, et la rédaction l’homme exact.

Citation attribuée à Francis Bacon

La lecture donne à l’esprit de l’abondance et de la fécondité ; la conversation, de la prestesse et de la facilité ; enfin, l’habitude d’écrire, de la justesse et de l’exactitude.

Novum Organum (1620)

Midjourney

Employer trop de temps à l’étude n’est qu’une paresse décorée d’un beau nom ; prodiguer à tout propos les ornements qu’on peut tirer de ses études n’est qu’une affectation ; ne juger des hommes et des choses que d’après les règles tirées des livres est une méthode qui ne convient qu’à un scolastique et à un pédant.

[…] car les lettres seules sont insuffisantes et ne suffisent pas même pour nous apprendre à bien user des lettres. Ce qui peut nous apprendre à en faire un bon usage, c’est une certaine prudence qui n’est pas en elles, qui est au-dessous d’elles, et qu’on ne peut acquérir que par l’expérience ou l’observation.

Quand vous lisez un ouvrage, que ce ne soit ni pour contredire l’auteur et le réfuter, ni pour adopter sans examen ses opinions et le croire sur sa parole, ni pour briller dans les conversations ; mais pour apprendre à réfléchir, à penser, à examiner, à peser et ce que dit l’auteur et tout le reste.

Il y a des livres dont il faut seulement goûter, d’autres qu’il faut dévorer, d’autres enfin, mais en petit nombre, qu’il faut pour ainsi dire mâcher et digérer. Je veux dire qu’il y a des livres dont il ne faut lire que certaines parties ; d’autres qu’il faut lire tout entiers, mais rapidement et sans les éplucher ; enfin, un petit nombre d’autres qu’il faut lire et relire avec une extrême application.

[…] La lecture donne à l’esprit de l’abondance et de la fécondité ; la conversation, de la prestesse et de la facilité ; enfin, l’habitude d’écrire, de la justesse et de l’exactitude.

Tout homme qui est paresseux à écrire a besoin d’une grande mémoire pour y suppléer ; celui qui converse rarement ne peut y suppléer que par une grande vivacité naturelle d’esprit ; enfin, celui qui lit peu a besoin d’une grande adresse pour paraître savoir ce qu’il ignore.

Les différents genres d’ouvrages produisent sur ceux qui les lisent des effets analogues à ces genres. L’histoire rend un homme plus prudent, la poésie le rend plus spirituel, les mathématiques plus pénétrant, la philosophie naturelle (la physique) plus profond, la morale plus sérieux et plus réglé, la rhétorique et la dialectique plus contentieux et plus fort dans la dispute.

En un mot, les études se changent en mœurs (ou passent dans les mœurs). Je dirai plus, il n’est point dans l’esprit de vice ou de défaut qu’on ne puisse corriger par des études bien appropriées à ce but ; comme on peut prévenir, guérir ou pallier les maladies proprement dites par des exercices convenables.

[…] un homme dont l’esprit est sujet à beaucoup d’écarts et a peine à se fixer doit s’appliquer aux mathématiques ; car pour peu qu’en lisant ou en écoutant une démonstration de ce genre on ait un moment de distraction, il faut tout recommencer. S’il est confus et peu exact dans ses distinctions, qu’il étudie les scolastiques, hommes doués d’un merveilleux talent pour couper en quatre un grain de millet ; s’il a peu de disposition naturelle à discuter les matières, à fouiller dans les livres ou dans sa mémoire pour établir ou éclaircir un point à l’aide d’un autre, qu’il se familiarise avec les cas des jurisconsultes.

Ainsi, l’étude peut fournir des remèdes spécifiques et propres à chaque vice ou défaut dont l’esprit est susceptible.

Un commentaire

Laisser un commentaire