Je suis le Capital, le roi du monde.
Je marche escorté du mensonge, de l’envie, de l’avarice, de la chicane et du meurtre. J’apporte la division dans la famille et la guerre dans la cité. Je sème, partout où je passe, la haine, le désespoir, la misère et les maladies.
Je suis le Dieu implacable […] Je suis le Dieu qui conduit les hommes et confond leur raison.
[…] Je suis le Dieu qui bouleverse les Empires : je courbe sous mon joug égalitaire les superbes ; je broie l’insolente et égoïste individualité humaine ; je façonne l’imbécile humanité pour l’égalité. J’accouple et j’attelle les salariés et les capitalistes à l’élaboration du moule communiste de la future société.
Les hommes ont chassé des cieux Brahma, Jupiter, Jéhovah, Jésus, Allah, je me suicide.
[…] Le Capital sera le dernier des Dieux.
Paul Lafargue – La Religion du Capital (1887)
