… Et la joie intense ? Elle se recueille aussi et se tait. Parler c’est disperser.
Le discours isole et localise la vie en un point, il l’éparpillé à la circonférence de l’être, il analyse, il ne traite que d’une chose à la fois ; il décentralise ainsi l’émotion et la réfrigère par cela même.
Le cœur préfère rester concentré sur son sentiment qu’il réchauffe et protège ; son bonheur est méditatif, silencieux ; il s’écoute palpiter, il se déguste religieusement lui-même.
Henri-Frédéric Amiel – Fragments d’un journal intime (25 juin 1865)
