Samedi 4 novembre, le Premier ministre libanais réfugié en Arabie Saoudite, Saad Hariri, a annoncé sa démission et dénoncé la « mainmise » du Hezbollah et de l’Iran sur les affaires libanaises. Quels sont les enjeux ? La fracture sunnite-chiite permet-elle d’expliquer les conflits moyen-orientaux ?
Pour analyser les conflits moyen-orientaux, on présente souvent l’identité confessionnelle comme un élément décisif, la ligne de fracture par laquelle s’expliquerait l’ensemble des guerres de la région.
Deux camps s’opposeraient irrémédiablement : d’un côté un « camp chiite ». Avec l’Iran, mais aussi l’Irak, la Syrie, ou encore le Liban, et de l’autre un « camp sunnite », avec l’Arabie Saoudite, les monarchies du Golfe ou encore la Turquie.

L’opposition chiite/sunnite permet-elle vraiment de comprendre les logiques d’alliances qui sont à l’œuvre au Moyen-Orient ?
Les dynamiques confessionnelles ne seraient-elles pas que des paravents derrière lesquelles se cacheraient d’autres mécaniques – politiques, économiques, stratégiques ? Et que nous dit l’histoire sur ce sujet ? Comment la fracture chiite/sunnite s’est-elle activée ou désactivée au cours du temps ?
Une émission préparée par Samuel Bernard.
Intervenants
- Laurence Louër – chercheuse à Sciences Po, CERI, spécialiste des monarchies du Golfe, rédactrice en chef de la revue Critique Internationale depuis 2006
- Aurélie Daher – politologue et historienne, enseignante à Princeton (auteure du « Hezbollah – Mobilisation et pouvoir » – PUF)
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Georges Corm – historien, économiste, ancien ministre des Finances du Liban
Mondes chiites (2/4) – Milices chiites, principale menace de l’après-Daech ?
Avec le recul de l’Etat islamique en Syrie et en Irak, les milices chiites apparaissent comme les grands vainqueurs en devenant des acteurs incontournables de la lutte armée. Ces groupes paramilitaires représentent-ils une menace pour la stabilisation de la région ? Comment agissent-elles au Yémen ?

En juin 2014, l’ayatollah Ali al Sistani, la plus haute autorité du chiisme, lance un grand appel à la mobilisation face à l’avancée fulgurante de Daech qui vient de conquérir Mossoul et menace Bagdad. C’est l’acte de naissance des Unités de mobilisation populaire, ces milices chiites qui assisteront l’armée irakienne pour la reconquête des territoires occupés par l’Etat islamique et la protection des lieux saints.
Aujourd’hui environ 60 000 hommes appartiendraient à ces groupes armés irakiens largement pilotés par l’Iran. En Syrie, une quarantaine de milices chiites sont également déployées et mènent aux côtés du régime une guerre sans pitié à l’Armée syrienne libre et aux djihadistes.
Alors que la lutte contre Daech touche à sa fin, au moins sur le plan militaire, ces groupes armés apparaissent de plus en plus comme les grands vainqueurs des combats et le futur facteur majeur de déstabilisation dans la région.
Les milices chiites sont-elles la principale menace de l’après-Daech?
Une émission préparée par Marguerite Catton et présentée par Tiphaine de Rocquigny.
Intervenants
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Myriam Benraad – Politiste, chercheuse à l’Institut d’études et de recherches sur le monde arabe et musulman (IREMAM), spécialiste de l’Irak.
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Stéphane Mantoux – agrégé d’Histoire et spécialiste des milices islamistes
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Laurent Bonnefoy – Politologue et arabisant spécialiste de la péninsule arabique. Chargé de recherche au CNRS, au CERI et au centre français d’archéologie et de sciences sociales de Sanaa (CEFAS).
En Afghanistan et au Pakistan, les attentats se multiplient à l’encontre des chiites. Revendiquées la plupart du temps par l’Etat islamique, ces attaques ravivent les tensions entre les différentes communautés religieuses. Ces violences risquent-elles d’engendrer de nouvelles formes de sectarisme?
La semaine dernière, quatre personnes ont trouvé la mort et une dizaine ont été blessées à Kaboul, la capitale Afghane, dans un attentat-suicide revendiqué par le groupe Etat islamique. Cet attentat s’ajoute à la longue liste d’attaques que connait l’Afghanistan depuis deux ans, date où s’est implanté l’Etat Islamique, car, alors que le groupe terroriste perd de son influence en Syrie et en Irak, il se renforce de plus en plus dans le pays.

Après un été très meurtrier et des attaques sanglantes contre des mosquées chiites, notamment lors de l’Achoura en septembre dernier, le gouvernement est accusé par la minorité chiite et notamment la communauté Hazara d’être incapable de les protéger.
Le gouvernement de Kaboul a-t-il les moyens de protéger ses minorités ? Quel sort réserve-t-il aux communautés chiites ? Quels sont les liens entre Pachtoune et Hazara ?
Tandis que les Talibans, majoritairement pachtoune, reprennent progressivement des zones d’influence, le danger d’une alliance avec le groupe Etat Islamique existe-t-il ? Et quel risque cela fait-il peser sur le pays ? Où pourrait conduire la montée en puissance de la violence anti-chiite ?
Une émission préparée par Anne-Sophie Pieri.
Intervenants
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Karim Pakzad – chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Irak, de la Syrie, de l’Afghanistan et de l’Iran
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Alessandro Monsutti – professeur d’anthropologie et de sociologie à l’Institut des hautes études internationales et du développement de Genève
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Georges Lefeuvre – anthropologue spécialiste de l’Afghanistan et du Pakistan, ancien diplomate, consultant directeur de « Af-Pak Reserach »
Les chiites représentent environ 15 % des musulmans dans le monde. Au fil des siècles, plusieurs dissensions vont marquer l’histoire de la religion chiite. Alors comment le courant duodécimain s’est-il imposé dans la région, notamment en Iran et face aux ismaéliens représentés par l’imam Aga Khan ?

Intervenants
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Sabrina Mervin – islamologue spécialiste du chiisme, chargée de recherche CNRS, affectée au CéSor (centre d’études en sciences sociales du religieux) à Paris
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Mathieu Terrier – philosophe et spécialiste de la pensée chiite, chargé de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d’études sur les monothéismes
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Daniel De Smet – directeur de recherches au CNRS, membre du Laboratoire d’études sur les monothéismes, spécialiste de l’ismaélisme