Hervé Juvin – La grande séparation

Le mouvement en cours est le reflet confus de la grande séparation à l’oeuvre, la séparation d’avec la condition humaine que la révolution capitaliste appelle de ses voeux.

Grande séparation, vraiment. Séparation entre l’homme et le monde, l’homme et la nature, l’homme et lui-même, pour en finir avec la politique, et avec la séparation des hommes entre eux.

Fabrique d’un homme nouveau, l’homme hors-sol, l’homme de rien , sans mémoire et sans foi, l’homme du droit et de ses droits. Expulsion de la nature, du jardin de l’autre et des autres, au nom de l’idéologie du même et du rêve de l’unité planétaire. Et révolution anthropologique aussi violente qu’inconcevable et pourtant tellement là, tellement déjà là, qu’elle laisse sans voix, sans mots et sans intelligence ceux qu’elle confond et éblouit. […]

Individu : l’homme de la grande séparation ; celui qui se sépare de toute définition ; celui qui doit inventer ce qu’il est ; celui qui se fait en se défaisant, qui se lie en se déliant, qui se trouve en s’en allant, qui se construit en se niant. L’individu est l’homme séparé, des origines et de l’histoire, de la terre et de toute limite.

Hervé Juvin, La grande séparation

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