Claude Bourrinet – L’école pédagomaniaque

En instaurant les enseignements pratiques interdisciplinaires, fourre-tout prétentieux qui vise à donner du « sens » à l’apprentissage des savoirs, non seulement on propose une bouillie indigeste de parlote et de dilettantisme confus, mais on supprime plusieurs heures de véritable travail de fond. Car l’élève doit être « acteur », voyez-vous ! Bien sûr, la vision caricaturale de ces Khmers « pédago-fanatiques » voudrait que nos collégiens fussent passifs, endoctrinés par un professeur qui leur assène, dans des cours dits « magistraux », sa vision réactionnaire de la société.

Que ces cours magistraux n’existent plus depuis belle lurette, que les élèves ne soient « passifs », ou « actifs », que dans la mesure où la nature humaine, et la curiosité habituelle dans n’importe quelle communauté humaine, le permettent, voilà qui dépasse la compréhension de ces amateurs ivres d’utopie. Chaque discipline offre la carte précise d’un territoire intellectuel, culturel, qu’il faut maîtriser pour s’orienter. Le sens de l’enseignement des matières comme le français, les mathématiques, l’histoire, c’est, outre la mémoire d’un patrimoine national et humain, la rigueur, le travail, l’honneur de progresser, et une ouverture solide au savoir. Que demander de plus ?

Ces commissaires politiques aimeraient que les enfants parcourussent le monde de la connaissance, comme des explorateurs avisés, sans qu’ils sachent où est le nord. À moins que ces guides suprêmes n’aient à l’esprit le désir de mener les « apprenants » en pèlerinage, à coups de charters et de pèlerinages organisés. Car on sait que la liberté artificiellement accordée n’est qu’une manière sournoise de manipuler autrui. Ce qui semble être, en vérité, l’objectif, avec celui de transformer ce troupeau touristique en main-d’œuvre taillable et corvéable.

Claude Bourrinet, L’école pédagomaniaque a t-elle un sens ? (Boulevard Voltaire)

img697

Laisser un commentaire