L’imperium normatif et juridique américain

Colloque : « L’extraterritorialité du droit américain » (Fondation Res Publica)

Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica, auteur de « Alstom, un scandale d’État – Dernière liquidation de l’industrie française » (Fayard : août 2015)

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L’exportation du droit américain, l’extraterritorialité des lois américaines est un processus qui ne date pas d’aujourd’hui. Voilà des années, voire des décennies que les États-Unis développent une stratégie globale d’hyperpuissance en s’appuyant sur un arsenal juridique et en imposant leurs lois, leurs normes, au reste du monde.

Il aura fallu l’amende colossale infligée à BNP Paribas (8,9 milliards de dollars) et celle qui, infligée à Alstom (772 millions de dollars), fut la véritable cause, quoi qu’en dise le PDG d’Alstom, de la vente de la division « énergie » à General Electric, pour que nos dirigeants découvrent la réalité d’une guerre économique engagée depuis des décennies. Ils ont ainsi découvert, tardivement, le caractère meurtrier d’un arsenal juridique dont la mise en place remonte à plus d’un quart de siècle.

Dans la décennie 90, après l’effondrement du communisme, les États-Unis vont se doter d’une série de lois qui concernent les entreprises américaines mais aussi toutes les entreprises étrangères. La majorité de ces lois, Trade Acts ou embargos, permettent aux responsables américains du commerce d’identifier et de sanctionner les comportements « injustes et déraisonnables » des acteurs économiques rivaux des Américains.

On peut classer ces textes dans quelques grands chapitres :

  • Le plus connu aujourd’hui est la lutte contre la corruption, le fameux Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) qui s’appliquait aux entreprises américaines qui versaient des pots de vin aux fonctionnaires et aux hommes politiques pour obtenir des contrats. En 1998, ce FCPA est étendu aux entreprises étrangères et il va servir de modèle à la convention OCDE censée réprimer la corruption, notamment en matière de grands contrats.
  • Le second chapitre est une batterie de lois qui criminalisent le commerce avec les États sous embargo américain. Certaines de ces lois sont bien connues, telles les lois Helms-Burton et D’Amato qui sanctionnent les entreprises commerçant avec l’Iran, Cuba, la Libye, le Soudan etc. (au total il y aura 70 embargos américains à travers le monde). En 2006, un banquier britannique, un des dirigeants de la Standard Chartered, dira : « Putains d’Américains, qui êtes-vous pour nous dire et pour dire au reste du monde que nous ne devons pas travailler avec les Iraniens ? ». Quelques années plus tard la Standard Chartered devra payer 700 millions de dollars d’amende pour avoir commercé avec l’Iran.
  • Autre chapitre, une batterie de lois criminalisent le commerce avec les pays sous embargo ONU. Ensuite viendra le blanchiment de l’argent sale des terroristes ou des narcotrafiquants.
  • Le Patriot Act, édicté en 2001 après l’attaque sur les Twin towers, sous couvert de lutte contre le terrorisme, donne des pouvoirs élargis aux différentes agences pour accéder aux différentes données informatiques.
  • Enfin la loi Dodd-Frank de juillet 2010 confère à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la bourse, le pouvoir de réprimer toute conduite qui, aux États-Unis, concourt de manière significative à la commission de l’infraction, même lorsque la transaction financière a été conclue en dehors des États-Unis et n’implique que des acteurs étrangers. Cela va donc très loin.
  • Cerise sur le gâteau, en 2014, le Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA) donne au fisc américain des pouvoirs extraterritoriaux qui contraignent les banques étrangères à devenir ses agents en lui livrant toutes les informations sur les comptes et avoirs des citoyens américains dans le monde. Si elles n’obtempèrent pas, 30 % de leurs revenus aux États-Unis sont confisqués et, plus grave encore, elles peuvent se voir retirer leur licence. Or, pour une banque, notamment les plus grandes, ne plus pouvoir travailler aux États-Unis et ne plus pouvoir compenser en dollars équivaut à un arrêt de mort. On a souvent voulu voir derrière le FATCA le moyen pour les Américains de faire enfin plier les banquiers suisses, les « gnomes de Zurich », les obliger à abandonner leur sacro-saint secret bancaire. C’est vrai… mais c’est l’arbre, moral et médiatique, qui cache la forêt. Ainsi, BNP Paribas a été contrainte de fournir dans le cadre de son amende la liste des comptes de ses clients américains et franco-américains. C’est ainsi que des personnes fort respectables, qui ont la malchance d’avoir la double-nationalité mais qui ont toujours gagné et déclaré leur argent en France, sans avoir de revenus aux États-Unis, sont sommées par l’Internal Revenue Service (IRS), le fisc américain, de fournir toutes leurs déclarations d’impôts. Si jamais elles ont payé moins en France que ce qu’elles auraient payé aux États-Unis, l’IRS leur réclame la différence. Cela s’appelle du racket.

Avec le recul, on s’aperçoit qu’il est très difficile de contester chacune de ces mesures : Qui va s’élever contre le fait de lutter contre la corruption… ? De même qui n’est favorable à la répression des narcotrafiquants et du blanchiment de leur argent ? Il en est de même du terrorisme. C’est là toute l’habileté du projet américain théorisé en 2004 par Suzanne Nossel, laquelle a inspiré Hillary Clinton lorsque cette dernière était secrétaire d’État. C’est la théorie non du soft power mais du smart power, affirmation par les États-Unis d’une vision universelle au nom de leur compétence universelle.

Les États-Unis se vivent comme le nouveau peuple élu. Leurs victoires contre les forces du mal (en 1945 contre le nazisme, plus tard contre le communisme), leurs performances économiques, témoignent de la supériorité de leur modèle. Il est donc normal que tous les autres peuples adoptent ce modèle car la globalisation implique l’uniformisation. Les États-Unis énoncent donc de grands principes, valables pour tous et que tous sont contraints de respecter à travers un arsenal juridique, à travers la puissance du dollar, à travers les technologies qui permettent de tout savoir (on pense à la NSA). Le tout, bien sûr, pour le bien commun.

Cette compétence universelle, par définition, s’applique à toutes les activités humaines. L’offensive contre la FIFA et Sepp Blatter (et par ricochet contre Michel Platini), a été menée par les Anglo-saxons, par les Américains. Une offensive fort habile car chacun sait que la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), comme le CIO (Comité international olympique), sont des lieux où le népotisme et la corruption règnent en maîtres. Pour les Américains, il s’agit de faire exploser ce système et de le remplacer par un autre où la puissance américaine sera dominante et imposera ses règles.

Il est très difficile de s’opposer à ce smart power, véritable idéologie qui s’appuie sur la défense des droits de l’homme, la libre concurrence non faussée, le droit des consommateurs, le droit des minorités etc.

Cette stratégie s’appuie également sur les ONG anglo-saxonnes. Ce sont elles qui sont à l’origine de l’affaire Volkswagen. Loin de moi l’idée de défendre Volkswagen et l’industrie automobile allemande mais il est intéressant d’observer comment cette affaire s’est déroulée. Au départ, le lobby automobile européen, dominé par les industriels allemands, avait de très bonnes relations avec la Commission européenne et, évidemment, les normes de pollution et de consommation en Europe ont été fixées avec l’assentiment des constructeurs automobiles. Nous avons tous pu constater que l’affichage des consommations des véhicules ne correspond absolument pas à la réalité sur le terrain. Il se trouve que Volkswagen avait misé sur le diesel, invention essentiellement européenne, pour pénétrer le marché américain.

Or, aux États-Unis, les normes anti-pollution pour le diesel sont beaucoup plus rigoureuses qu’en Europe, notamment pour les particules fines (on pourrait parler d’une norme protectionniste). Volkswagen a décidé, pour pénétrer le marché américain avec ses véhicules diesel, d’installer secrètement un logiciel fourni par Bosch. Logiciel qui permettait de masquer la réalité de émissions de particules. Ce truquage est découvert par une ONG américaine qui dévoile l’affaire en 2014 et transmet le dossier à l’agence fédérale de protection de l’environnement. C’est alors que l’affaire commence. Volkswagen, qui a effectivement triché, est piégée. Les media s’en mêlent, la machine s’emballe (48 Class actions, dans 48 États différents).

La machine de guerre judiciaire américaine s’est mise en branle et le coût pour Volkswagen, indépendamment du coût pour son image, va se chiffrer en dizaines de milliards de dollars. Volkswagen (tout comme sa filiale Audi) avait énormément misé sur les États-Unis : le marché américain devait être le nouvel eldorado pour le constructeur automobile allemand qui espérait s’implanter aux États-Unis, bénéficier du dollar, d’une main d’œuvre moins chère qu’en Europe pour réexporter ensuite des modèles ou des sous-ensembles sur le marché européen et sur l’Asie. Ambition que l’industrie automobile américaine, en plein renouveau, grâce aux subventions données notamment à General Motors, ne voit pas d’un très bon œil. Est-ce un hasard si l’affaire du petit logiciel de Volkswagen a émergé ? Ce qui va se passer sur l’affaire Volkswagen est important car, si les Allemands plaident coupables, ils ont cependant commis un crime de lèse-majesté début janvier en refusant aux prosecutors et aux enquêteurs américains l’accès à leurs données, notamment sur le sol allemand.

En effet, quand la machine judiciaire américaine est en branle (les entreprises qui sont « passées dans la moulinette » en savent quelque chose), les enquêteurs américains déboulent et ont accès à tout, mails, documents etc. Or les Allemands, invoquant la German law, qui interdit la communication de données à des puissances étrangères extérieures à l’Union Européenne, ont refusé de donner l’accès aux documents et aux mails internes à leur siège social. Les Allemands iront-ils jusqu’au bout du bras de fer, refuseront-ils d’obéir aux injonctions de la justice américaine ? Cela peut se terminer par l’obligation pour Volkswagen de fermer ses usines aux États-Unis. On est là dans un processus lourd de conséquences.

Les États-Unis, forts de leur puissance, ont donc développé un arsenal juridique tous azimuts. Ils décident qui peut commercer avec qui. Ils peuvent décider aussi d’éliminer les concurrents. Les entreprises françaises en savent quelque chose avec l’Iran. À la différence de ce qui se passait dans les années 80-90, ils bénéficient de la position du dollar : 78 % des transactions mondiales se font en dollars et tout est compensé par les États-Unis. Comme toutes les transactions en dollars transitent par les États-Unis, toute transaction en dollars est soumise à la loi américaine. Ils ont aussi les écoutes : on a découvert que la NSA et les services américains écoutaient systématiquement tout, y compris les chefs d’État… et personne n’a protesté.

Et surtout, cette extraterritorialité devient un extraordinaire business qui profite d’abord aux Américains. Les amendes proprement dites commencent à atteindre des montants conséquents. Pour les banques, le total des amendes infligées par la justice américaine est de 125 milliards de dollars, dont une bonne partie concerne les banques américaines. Mais les banques américaines ont été condamnées pour les affaires de subprimes (aucun banquier américain n’a fait de prison) tandis que les banques européennes et japonaises ont été condamnées pour avoir violé des embargos. Les banques suisses ont payé un très lourd tribut pour ne pas avoir communiqué à temps un certain nombre de données.

On en est aujourd’hui à 35 milliards de dollars d’amendes pour les banques étrangères et une demi-douzaine de milliards de dollars pour les groupes industriels. Sur les dix premières amendes infligées, notamment pour des affaires de corruption, aux groupes industriels, neuf concernent des groupes étrangers. Le record va à Siemens (800 millions de dollars) suivi par Alstom (772 millions de dollars).

Cet argent sert d’abord à l’auto-alimentation du système judiciaire américain (la SEC, le Trésor, le DOJ etc.) dont les coûts annexes sont considérables. Le système judiciaire américain, les centaines de milliers de lawyers des cabinets, sont embauchés par les entreprises et vivent « sur la bête ». L’argent des amendes fait donc vivre le système judiciaire américain au sens large. S’y ajoute la contestation de brevets etc. L’application de ce système de l’extraterritorialité est un formidable business qui alimente la machine judiciaire et juridique américaine.

Les gens de BNP Paribas seront sans doute heureux d’apprendre qu’une partie de leur amende va servir à indemniser les citoyens américains qui avaient été victimes de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979. Plus de cinquante personnes, retenues pendant 444 jours, n’avaient jamais été indemnisées parce que, dans l’accord entre l’Iran et Ronald Reagan, l’Iran avait refusé de payer quelque indemnité que ce soit (l’une des raisons pour lesquelles les Iraniens avaient pris en otage les personnels de l’ambassade américaine était la « prise en otage » par les Américains des compte iraniens à la Chase Manhattan Bank…). Le Congrès a l’intention d’utiliser 1 à 2 milliards de dollars, pris sur l’amende de BNP Paribas, pour indemniser ces ex-otages américains.

Plus grave : les accords que les entreprises étrangères sont contraintes de signer s’accompagnent généralement de la mise sous tutelle de fait de ces entreprises qui, de par le settlement, l’accord passé avec la justice américaine, subissent pendant six mois, un an, trois ans… la présence de contrôleurs indépendants chargés de vérifier que l’entreprise condamnée se conforme bien à toutes les règles de la compliance américaine.

Alcatel Lucent avait été condamnée il y a quelques années à une amende pour corruption à propos d’affaires qui remontaient au début des années 2000 (le montant, moins important que celui infligé à Alstom, s’élevait quand même à 170 millions de dollars). Contrainte d’accepter pendant trois ans la présence d’un contrôleur indépendant, Alcatel Lucent devait lui donner toutes les informations que ce contrôleur jugeait utiles à la réalisation de sa mission. D’aucuns disent que Alcatel Lucent a été ainsi pillée pendant quelques années par la justice américaine. Les secrets de fabrication et un certain nombre de données essentielles peuvent être transférés ainsi à une puissance étrangère.

L’extraterritorialité du droit américain permet à la puissance américaine, sur les secteurs qu’elle estime stratégiques, d’asseoir sa domination.


Hervé Juvin, président de l’Observatoire Eurogroup Consulting, auteur de‎ « Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé : Les idées qui ont pris le pouvoir et comment le reprendre » (Pierre-Guillaume de Roux : 2015), au colloque « L’extraterritorialité du droit américain » du 1er février 2016.

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Il est difficile de compléter ce qu’a dit Jean-Michel Quatrepoint. C’est pourquoi j’essaierai de regarder les choses d’un peu loin.

Ce qui est en train de se passer est une conversion du modèle de puissance, du modèle stratégique américain. Dans les années 90, on évoquait la révolution dans les affaires militaires. Plus récemment, on a beaucoup parlé du « leading from behind » que le Président Obama a théorisé à partir d’un célèbre discours à West Point, repris en plusieurs occasions. Le « leading from behind » s’illustre dans l’affaire libyenne : Quelques excités avaient convaincu le Président français d’intervenir à Benghazi. Les Américains auraient pu le faire et sans doute en d’autres temps auraient-ils agi. En l’occurrence ils ont mis à disposition une infrastructure mais, pour le grand bonheur du peuple libyen, prêt à la démocratie, ils ont laissé les Français et les Britanniques y aller d’abord. On peut s’inquiéter, voyant la fièvre qui monte au Proche et au Moyen-Orient, d’une application du « leading from behind » qui pourrait entraîner la France dans d’autres aventures.

Nous sommes face désormais à une stratégie beaucoup plus ample. Au-delà de ses aspects militaire et industriel, la puissance politique réside aujourd’hui dans la capacité à dire le droit et à faire appliquer ce droit, la capacité à tenir les circuits financiers du monde entier et la capacité à maîtriser l’ensemble des circuits d’information et de représentation (ceux qui ont vu les foules chinoises se précipiter pour voir la nouvelle version de « Star Wars » comprennent ce que je veux dire). Là est l’équation de la nouvelle puissance mondiale dont nos amis américains tirent un modèle stratégique. Nous Français, un peu timides dans l’analyse, tardons peut-être à la prise en compte nécessaire pour nous en prémunir.

Ce modèle stratégique repose sur trois éléments :

1. D’abord l’enrôlement ou la soumission des alliés. Aujourd’hui, la conscience stratégique américaine a renoncé à faire régner la démocratie partout dans le monde et, probablement, à se soumettre ou à dominer ces pays décidément bizarres qui n’entendent pas que devenir un Américain comme les autres soit le rêve de tous.

C’est le cas de ces drôles d’Indiens qui ont élu Narendra Modi ; c’est le cas de ces drôles de Chinois qui prétendent faire une synthèse inédite entre le maoïsme et le capitalisme à certains égards le plus débridé ; c’est le cas de ces Russes qui prétendent eux aussi faire une synthèse entre nationalisme, orthodoxie et un « esprit russe » destiné à survivre à l’individualisme américain. Tout ceci a une conséquence que vous évoquiez dans votre introduction, c’est que les choses se durcissent, moins à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Les alliés doivent se soumettre et s’enrôler dans les batailles stratégiques américaines. La France et l’Europe en font les frais. Toute manifestation d’indépendance, toute tentative d’armer une Europe politique serait immédiatement très sévèrement et très durement sanctionnée par nos amis américains. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles les grandes entreprises américaines financent si généreusement la campagne britannique pour le « Oui » au « Brexit ».

2. Le deuxième élément de cette nouvelle puissance impériale consiste à faire acquitter des péages.

Les États-Unis ont très largement renoncé aux sources de richesse du passé. Ils restent une puissance agricole très largement autocentrée et s’ils ont envie de reconquérir un certain nombre de positions industrielles, c’est souvent dans une posture de protection ou d’indépendance. Les États-Unis développent une stratégie de contrainte globale qui consiste à faire payer partout dans le monde ce qui circule, ce qui vaut et ce qui bouge.

C’est extrêmement clair dans le domaine des échanges financiers. Depuis cinquante ans, les pays ou les dirigeants qui ont essayé de s’émanciper de la tutelle du dollar ont très mal fini (le dernier était Saddam Hussein). Ceux qui, dans l’histoire, ont essayé de maintenir le secret bancaire ou qui ont essayé de faire vivre des circuits bancaires ou financiers hors de la tutelle américaine, ont eu à en pâtir (je pense notamment à nos amis suisses). Dorénavant, les capitaux en recherche d’anonymat vont se réfugier… aux États-Unis ! Et voilà comment, au nom de grands principes, se font les bonnes affaires !

Je crois pouvoir annoncer sans beaucoup me tromper que les brevets sur le vivant, cette capacité inouïe qu’a ouverte le droit américain de déposer, d’acquérir la propriété d’éléments de la nature, doit permettre de faire payer des péages partout dans le monde à la vie. Par exemple, dans aucune ville américaine on n’achète un animal domestique en situation de se reproduire car cela ferait perdre des revenus aux éleveurs de chiens, de chats etc. La propriété des droits sur le vivant, sur l’eau, sur la reproduction des plantes, des arbres ou de tout ce qui sert à se nourrir, va permettre de toucher des royalties partout dans le monde.

Il se trouve que je connais bien la Zambie et le Malawi. Une pression extrêmement forte s’exerce sur ces deux pays d’Afrique australe qui, sous l’influence notamment d’experts français, refusent d’accepter la culture d’OGM, pression tellement forte que ces pays se sont vus menacer de se voir suspendre les aides pharmaceutiques, les aides au développement et les aides alimentaires, y compris pour les enfants du Malawi, s’ils n’acceptaient pas sans limites les produits OGM des multinationales américaines, notamment de Monsanto. Le rôle de la Fondation Bill & Melinda Gates dans ce domaine est tout à fait remarquable : ils éduquent les enfants à accepter les OGM et à convaincre leurs parents que la meilleure solution au problème de sècheresse et de famine est le développement des OGM. Or les OGM sont une colonisation du sol puisque nul n’est plus propriétaire de ses plantes et de la germination de ses plantes et il faut payer à chaque nouvelle récolte.

Le second thème stratégique majeur est donc de faire payer des péages partout dans le monde. Jean-Michel Quatrepoint en a donné d’excellents exemples. Partout dans le monde, toute transaction en dollar tombe sous le coup de la loi américaine. De la même manière, si pour une raison ou une autre on entre dans le champ de l’administration fiscale américaine, elle peut réclamer le manque à gagner par rapport à ce qu’elle aurait dû toucher si on était résident américain et si on avait déclaré ses revenus et ses capitaux aux États-Unis.

Faire payer des péages partout dans le monde est l’une des sources majeures de la puissance américaine pour la décennie à venir.

3. C’est par l’arme du droit que les États-Unis obtiennent le paiement de ces péages et la connaissance de tout ce qui se passe, de tout ce qui bouge et de tout ce qui vaut.

Les États-Unis sont très en avance dans leur stratégie à l’égard de la nationalisation du droit mondial, qu’il faut distinguer de l’internationalisation. Une entreprise présente sur la scène internationale, une entreprise multinationale qui opère sur différents continents, doit nécessairement entrer dans le champ du droit national américain, doit se plier au droit national américain qui, en l’occurrence, puisqu’il s’agit de droit pénal, est l’intervenant majeur et direct de l’intérêt national américain. On vient de le voir à propos des négociations qui reprennent sur le Safe Harbor. Le transfert des données des entreprises fait qu’il y a une base unique et que l’essentiel des données des entreprises européennes et la data concernant leurs clients sont indéfiniment transférées aux systèmes, aux opérateurs et aux prestataires américains. Un sénateur américain vient de déclarer : « Je ne suis pas là pour me soucier des intérêts des Européens mais pour me soucier de l’intérêt des Américains ». J’aimerais qu’un certain nombre d’élus européens ou français disent la même chose et manifestent un peu plus de préférence pour l’Europe et pour la France.

Ce troisième élément, essentiel, est bien une nationalisation du droit américain appliquée à toute entreprise multinationale ou internationale. Cette nationalisation du droit a de multiples intérêts. D’abord il y a un avantage considérable à opérer dans son territoire juridique et à savoir à quelles lois on s’expose. Il y a un changement de logiciel à opérer pour nombre de dirigeants européens ou français pour qu’ils comprennent ce que sont les procédures américaines et pour qu’ils modifient un « logiciel » adapté au droit continental et, par exemple, pour qu’ils comprennent le mécanisme du plaider coupable, celui de la e-discovery , etc. Enfin, et surtout, quand la puissance fait la loi et dit le droit, il est difficile, et risqué, d’aller contre. En ce sens, la destruction du droit international, reposant sur la souveraineté des États et la territorialité des lois, est une opération stratégique maquillée sous de beaux principes, comme «l’exportation de la démocratie » ou « le devoir d’ingérence », qui sert une seule chose : l’intérêt national américain.

Ce bref survol de la nouvelle stratégie de la contrainte globale américaine, de la stratégie de nationalisation de la sphère supranationale me paraît conduire à un examen en termes de moyens.

Jean-Michel Quatrepoint a rappelé les amendes, certaines colossales, infligées à des entreprises européennes et a décrit un certain nombre de mécanismes à l’œuvre. Je voudrais poursuivre de manière un peu plus précise sur les enjeux pour les entreprises.

Le premier enjeu est la mise en place d’un « moniteur » : une personne ou une équipe qui vient à demeure au siège d’une entreprise française, allemande ou autre, missionnée par le Department of Justice (DOJ) américain, avec la capacité de se faire communiquer à tout moment n’importe quelle pièce utile à sa mission, laquelle consiste à vérifier que l’entreprise française ou européenne opère en tous cas en conformité avec le droit américain et avec l’intérêt national américain. Il y a aujourd’hui des « moniteurs » dans quatre grandes entreprises françaises. Au siège de la BNP une monitrice américaine a récemment publié une annonce pour recruter six collaborateurs que la BNP doit payer et qui a capacité à se faire communiquer toutes les pièces intéressant sa mission, y compris les délibérations du comité de direction du comité des risques etc. Chez Total, c’est un moniteur français qui opère. On peut espérer que celui-ci est un peu soucieux de l’intérêt national. Mais il faut bien le dire ; un moniteur est un espion américain, chargé de piller les secrets techniques, commerciaux, managériaux, français.

Je me suis fait expliquer les choses de manière très précise par un intervenant discret, membre dirigeant d’une grande entreprise allemande soumise à une amende récente de beaucoup de centaines de millions de dollars. Tous les journaux, m’a-t-il dit, ont parlé de l’amende, mais nous avons dépensé au moins trois fois le montant de l’amende pour répondre aux exigences américaines en termes de conformité : le coût des cabinets d’avocats qui nous ont été imposés par la justice américaine sur une liste fermée et le coût des cabinets de consultants nécessaires pour revoir toutes nos procédures internes. L’amende est un peu inférieure à un milliard, ils estiment que le coût total a été de l’ordre de 3 milliards d’euros payés à des prestataires chargés de vérifier dans chaque entité de l’entreprise et dans chacune de ses filiales à l’international la conformité aux règles américaines. Ces prestataires sont tous choisis sur des listes fermées fournies par le DOJ américain. On a là un mécanisme d’espionnage économique extrêmement puissant qui fait d’ailleurs que certains de ces cabinets américains ont ouvert dans le pays des filiales dédiées au contrôle de cette entreprise. Cela fonctionne remarquablement bien : on capte de l’argent et des ressources, on s’ouvre des implantations et on acquiert de la connaissance et de l’intelligence stratégique !

Le troisième effet très concret des procédures du DOJ est la décapitation de certains réseaux commerciaux. J’ai rencontré les dirigeants de deux ou trois entreprises, certaines liées aux industries de défense. Selon eux l’amende infligée à la BNP a tétanisé tout le monde. Depuis cette amende, m’ont-ils dit, nous n’opérons plus avec nos réseaux traditionnels car ceux-ci fonctionnaient selon les modèles anciens de commissions, de rétro-commissions, de sous-commissions, le siège de l’entreprise, simplement soucieux que les affaires se fassent, ignorant à qui vont ces commissions. Depuis un an, nous avons mis totalement en sommeil notre réseau au Proche et au Moyen-Orient, notre réseau africain, une partie même de notre réseau chinois, ce qui aboutit à une paralysie des affaires car avant de remonter un réseau équivalent, avec le conseil d’avocats américains, avec le conseil de parties prenantes qui nous veulent du bien mais qui sont évidemment d’origine anglo-saxonne, il va falloir des années…

Ceci s’accompagne d’un quatrième phénomène, le blocage des financements. On a vu Total et des banques françaises faire intervenir le gouvernement de la République pour être certains que financer les opérations en Russie dans l’opération Yamal ne leur vaudra pas des mesures de rétorsion ou accusation auprès de la justice américaine. Nous en sommes au point que des PME agro-alimentaires bretonnes ne peuvent pas trouver un euro de crédit pour des opérations en Russie parfaitement légales, y compris au vu de la politique de sanctions, tout simplement parce que les banques françaises, échaudées par ce qui leur est arrivé, considèrent trop dangereux d’accorder cent mille euros ou un million d’euros de crédit à une entreprise bretonne qui a des marchés en Russie, qui est prête à s’y implanter. Le risque est considéré trop important par des financeurs français pour qu’ils y aillent. On sait que des listes rouges, des indicateurs circulent et que toute entreprise qui actuellement signe des contrats avec l’Iran, avec la Russie, avec quelque autre pays non conforme à l’intérêt national américain, peut être visée par des mesures de rétorsion. Je me trouvais aux États-Unis en août dernier quand un sénateur américain a dit très clairement : « Si Total, entreprise française présente sur le territoire américain, prétend devancer les entreprises pétrolières américaines avec l’Iran, il faudra qu’elle paye très cher, il faudra lui fermer l’accès au marché américain ».

Sous les dehors du droit, de la morale et de la justice, nous sommes très clairement dans une démarche d’intimidation, qui peut parfois devenir un « soft terrorism ». Nos amis américains sont en train de développer un terrorisme du droit, qui aboutit par exemple à ce que nombre de comités de direction aujourd’hui en France ou en Europe ne sont plus très à l’aise quand ils prennent l’avion parce qu’ils ont peur d’être pris au jeu qui a touché en son temps le groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute), mêlé à des opérations compliquées avec les opérations sortie du CDR (Consortium de Réalisation, structure de défaisance du Crédit lyonnais). Quelques dirigeants bancaires, notamment suisses, et nombre de dirigeants de fédérations sportives, s’interrogent à chaque fois qu’ils quittent l’espace européen, se demandant s’ils ne vont pas être arrêtés à l’aéroport, déférés à la justice américaine et oubliés au fond d’un quartier de sécurité comme ce fut le cas pour un des vice-présidents d’Alstom qu’on a quand même oublié pendant un an et demi dans un quartier de haute sécurité d’une prison américaine, non qu’il fût lui-même coupable de quoi que ce soit, mais parce que cela a suffisamment tétanisé les membres du comité de direction d’Alstom pour qu’on leur fasse signer à peu près n’importe quoi.

Voilà les moyens et voilà comment les choses se passent.

Face à cela, comment agir ?

Cela commence par un sujet que Me Iweins développera beaucoup plus savamment que moi. Nous avons été formidablement aveugles et complaisants par rapport aux faits de corruption. Le pas vu pas pris a régné en maître : Ce qui se passe au sud ne concerne personne ici, la chasse est libre et vous pouvez faire ce que vous voulez ! Il faut considérer que cette page est tournée, d’autant que, contrairement à ce qui est asséné régulièrement, le droit français, le droit européen, permettent parfaitement de poursuivre les faits de corruption ; l’abus de bien social, notamment, permet de poursuivre toute remise d’enveloppe, toute commission qui n’a pas un but explicitement déclaré dans l’intérêt de l’entreprise. Nous ne manquons donc pas d’outils juridiques pour poursuivre les faits de corruption. Il faut probablement agir plus efficacement dans ce domaine, notamment parce que si des amendes, des réparations doivent être payées je préfèrerais, en tant que contribuable, qu’elles aillent au Trésor français plutôt qu’à l’extérieur. L’affaire BNP représente probablement un manque à gagner pour le Trésor français de 3 milliards d’euros. On rappelle peu que les amendes payées au DOJ et au Trésor américain le sont au détriment du Trésor français puisqu’elles viennent en déduction du chiffre d’affaires et des impôts à payer. Une politique plus résolue en matière de corruption est donc nécessaire.

Il faudrait aussi réexaminer tous les liens, de nature juridique ou autre, qui nous exposent et nous rendent particulièrement sensibles à la soumission au droit américain, voire à la « colonisation » américaine. Le premier sujet concerne la naïveté des entreprises qui ont recours à certains cabinets américains. Leurs dirigeants sont-ils conscients que le juge américain peut demander communication de toute pièce, de toute information sur toute opération contraire à l’intérêt américain ? Savent-ils qu’en vertu du e-discovery, une entreprise doit tout garder (mails internes, décisions internes et leurs motifs) pendant des années pour pouvoir tout remettre intégralement à la justice américaine ? On sait qu’un certain nombre de dénonciations à la justice américaine ont été le fait de prestataires d’entreprises. C’est une des raisons pour lesquelles nos amis chinois sont en train d’expulser tous les cabinets d’audit susceptibles de rapporter aux autorités américaines les faits éventuellement délictueux, en tout cas contraires à l’intérêt national américain qu’ils auraient pu observer en exerçant leur mission au sein d’une entreprise. C’est en effet une obligation aux États-Unis et un Américain qui y manquerait s’exposerait à des sanctions pénales.

Le traité de libre-échange transatlantique, avec l’abandon des appellations d’origine protégée (AOP), le retour en arrière sur maintes exigences sanitaires, sociales et environnementales, etc., pose d’immenses problèmes de droit, le plus grave étant probablement la pertinence et la compétence de tribunaux arbitraux pour gérer tout conflit d’investissement par rapport à l’Europe. Ceci laisse augurer de dizaines d’affaires comme celle qui vient d’opposer Philip Morris à l’État australien. Le cigarettier demandait à être indemnisé à hauteur de centaines de millions de dollars pour le manque à gagner du fait que l’État australien impose des paquets neutres pour les cigarettes. Le tribunal australien a rendu une décision de justice extrêmement insatisfaisante puisqu’elle renvoie sur la forme sans décider sur le fond. Les producteurs d’OGM ou de produits pharmaceutiques pour l’alimentation du bétail, les cigarettiers américains… pourraient ainsi attaquer tout pays européen limitant la pénétration de leurs produits, au motif que cela entrave la rentabilité du capital et nuit à leurs actionnaires. C’est très exactement ce à quoi nous expose le traité transatlantique qui soumet tout conflit entre une entreprise et la législation d’un État à la compétence d’un tribunal arbitral international. Très clairement le traité de libre-échange transatlantique pose un sujet majeur à l’égard des compétences de droit.

Le Président Obama est conscient que des systèmes qui ne laissent aucune prise au législateur américain sont en train de s’élaborer. Tels les principes concernant l’économie d’Internet adoptés en Chine et en Russie : La Russie fait obligation à tout service Internet d’avoir ses outils matériels localisés en Russie et interdit, sous peine de sanctions pénales, de traiter hors de Russie les données personnelles des citoyens russes. Cela établit un pare-feu extrêmement sérieux, en termes de propriété des informations, entre le citoyen russe et l’utilisation qui pourrait être faite de ses données personnelles par des prestataires américains. Les pare-feu chinois sont aussi très élaborés. Les Chinois sont en train de mettre en place des chambres de compensation, ils créent des marchés de matières premières qui n’ont aucun lien avec le dollar, aucun lien avec les chambres de compensation américaines et échappent totalement à la législation américaine.

Je suis pour ma part à peu près certain que, dans les dix-huit mois ou deux ans à venir, une grande banque ou un grand acteur financier européen va choisir de travailler sur ces systèmes et rompre tout lien avec les systèmes de paiement et les systèmes de compensation américains. C’est possible, il suffit de sauter le pas. Et si l’un le fait, beaucoup vont suivre.

Le dernier élément porte sur un sujet qui m’est cher. Vous avez bien voulu citer « Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé » qui essaye de traiter de la colonisation intellectuelle et morale américaine et de la soumission – pour ne pas dire de la collaboration – des élites européennes. Mais un autre thème, celui de la diversité, fait le fond de mon travail depuis de nombreuses années. Je crois que la diversité des cultures, des civilisations, des mœurs et des systèmes juridiques est un gage de survie de notre humanité. Un modèle unique étendu à toute la terre est une condamnation étendue à l’humanité tout entière, surtout si c’est le modèle de la consommation, de la croissance et de l’économisation sans limite du monde. C’est à cet égard que la menace du droit américain me paraît la plus dangereuse. Elle consiste à subordonner le droit à l’intérêt économique, à subordonner le politique à la croissance économique et à dire que tout est bon au regard du vrai, du juste et du bien qui contribue à produire des dollars.

Je vous invite à relire la Déclaration de Cocoyoc du 23 octobre 1974. Dans une petite ville du Mexique, 40 pays non alignés s’étaient réunis et avaient demandé à ce que soit ajouté au préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies un droit des sociétés humaines à la sécurité environnementale, à la sécurité culturelle et à la sécurité juridique. En d’autres termes, il faut compléter les droits de l’individu homo œconomicus par des droits des sociétés humaines à vivre en confiance, en sûreté et à ne pas se voir dépouillées de leurs principes de vie et de la maîtrise de leur destin par l’importation de systèmes de l’extérieur. Quand nous traitons de la colonisation par le droit américain, nous traitons d’une des attaques les plus dangereuses contre la diversité humaine parce que l’uniformisation du droit est l’uniformisation des consciences, des modes d’être, des modes de dire le juste, le vrai et le bien et c’est la fin de la diversité humaine. Contre cette attaque sans précédent conduite avec une âpreté et une dureté également sans précédent, je vous invite à découvrir la déclaration de Cocoyoc.

Je crois pour ma part que la diplomatie française ferait œuvre salutaire en s’engageant à compléter les droits de l’homme et du citoyen par une déclaration des droits environnementaux, juridiques et culturels des sociétés humaines à leur sécurité collective, et que cette déclaration des droits collectifs viendrait enrichir et équilibrer la déclaration des droits de l’individu.


Débat sur l’extraterritorialité du droit américain avec Hervé Juvin et Christian Dargham – Cercle Droit et Liberté

BNP, Total, Siemens… autant d’entreprises européennes poursuivies et sanctionnées à des milliards de dollars d’amende pour avoir violé, hors des Etats-Unis, le droit américain.

Se fondant sur de lointains éléments de rattachements et considérant que la réglementation américaine en matière d’embargo ou d’anti-corruption est applicable hors des Etats-Unis, les procureurs américains, lancent des poursuites contre les sociétés européennes les obligeant ensuite à transiger avec le Department of Justice et à s’acquitter d’amendes faramineuses, quand bien-même les opérations commerciales incriminées auraient été réalisées hors des USA par des entreprises européennes en conformité avec le droit européen.

La CJUE et la Commission Européenne tentent timidement de rendre les coups, condamnant les Google, Microsoft ou autre Apple sur le fondement du droit de la concurrence ou de la fiscalité.

Alors que le combat apparaît déséquilibré, peut-on voir dans l’extraterritorialité du droit américain la forme juridique de l’impérialisme américain ? Va-t-on vers une uniformisation mondiale du droit ? Comment les entreprises européennes peuvent-elle réagir et s’adapter ? L’UE doit-elle développer des mécanismes similaires ?

Autant de problématiques auxquelles Christian Dargham, avocat associé Chez Norton Rose Fulbright et Hervé Juvin, Président d’Europgroup Institute, ont répondu le 8 mars 2016..

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